Le Conseil des ministres adopte un projet de loi fixant les fêtes légales
Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi à Alger sous la présidence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a examiné et adopté un projet de loi amendant et complétant la loi de juillet 1963 fixant les fêtes légales.
Cet amendement est destiné à formaliser l’ancrage légal de l’inscription de Yennayer sur la liste des fêtes légales du pays.
L’adoption de ce projet de loi a été l’occasion pour le président Bouteflika d’inviter le gouvernement à hâter la présentation au Parlement du projet de loi organique relatif à la création de l’académie de la langue amazighe placée auprès du président de la République, sachant que ce projet de loi organique est déjà à un stade avancé de préparation.
Pour rappel, le président de la République avait décidé le 27 décembre dernier, en Conseil des ministres, de décréter Yennayer fête légale, décision qui a déjà été mise en œuvre le 12 janvier dernier par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
L’inclusion de Yennayer dans la liste des fêtes légales marque la consécration du caractère national d’un référent identitaire et culturel du peuple algérien.
Une initiative sans précédent prise par le chef de l’Etat dans l’objectif de consolider l’unité et la cohésion nationales.
«Cette mesure, comme toutes celles déjà prises au profit de notre identité nationale dans sa triple composante islamique, arabe et amazighe, confortera l’unité et la stabilité nationales, alors que des défis multiples internes et régionaux nous interpellent», avait affirmé le président de la République.
Le président Bouteflika avait enjoint aussi au gouvernement de «ne ménager aucun effort pour la généralisation de l’enseignement et de l’usage de tamazight, conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution» et «accélérer la préparation du projet de loi organique portant création d’une académie algérienne de la langue amazighe».
La proclamation de Yennayer en tant que journée chômée et payée, intervenue une année après la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale et officielle, avait été saluée par le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) comme une contribution à la «consolidation de la cohésion nationale».
Son secrétaire général, Si El-Hachemi Assad, avait relevé que, «pour la première fois depuis le recouvrement de l’indépendance nationale, Yennayer sera célébrée de manière officielle en Algérie».
«L’Algérie s’est réconciliée avec son identité et son histoire à travers plusieurs étapes, la première étant la décision historique prise en 2002 par le président Bouteflika consacrant le caractère national de la langue amazighe», avait-il indiqué.
Cette décision, la première du genre dans la région d’appartenance culturelle et civilisationnelle de l’Algérie, avait été également saluée, unanimement, par les partis politiques, les organisations sociales et la société civile.
Yennayer, une des plus anciennes fêtes de l’humanité, a été célébrée le 12 janvier 2018, correspondant au nouvel an 2968 du calendrier agraire amazigh, sur l’ensemble du territoire national, dans un esprit de communion, de ferveur, de solidarité et de réappropriation par la société d’un repère civilisationnel.
Le secrétaire général du HCA a déclaré récemment que son organisme œuvre à présent à accélérer la socialisation de la langue amazighe et l’ancrage de son utilisation, notamment, dans les services publics.
Selon des données du ministère de l’Education nationale, l’enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 durant l’année scolaire 2017-2018, qui a vu le nombre d’élèves étudiant la langue amazighe augmenter à près de 350 000, encadrés par 2 757 enseignants.
Trois cents enseignants supplémentaires de la langue amazighe seront recrutés pour l’année 2018-2019, avait annoncé le ministère, qui se fixe comme objectif la généralisation de son enseignement aux 48 wilayas du pays.
Concernant l’académie de la langue amazighe, un groupe de travail interministériel installé auprès des services du Premier ministre est chargé de la préparation – parvenue à un stade avancé – de l’avant-projet de loi portant sa création, et devant aboutir devant le Parlement au cours du premier semestre 2018.
Placée auprès du président de la République, cet établissement, qui s’appuiera sur les travaux des experts, sera chargé de réunir les conditions de promotion de tamazight en vue de concrétiser à terme son statut de langue nationale et officielle.
R. N.
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