Subventions : le recensement des nécessiteux est-il réellement à la portée du gouvernement ?
Par Meriem Sassi – Le gouvernement annonce la mise en route graduelle, à partir de 2019, d’une nouvelle approche sur les subventions de l’Etat dans le cadre de la maîtrise et rationalisation des dépenses publiques.
Il est précisé qu’une instruction sera émise à cet effet en 2018, relative à la réalisation d’un «recensement national des revenus des ménages, préparatoires à la rationalisation de la politique des subventions publiques». Le gouvernement prévoit ainsi la mise en route graduelle, à partir de 2019, d’une nouvelle approche en matière de subventions directes et indirects de l’Etat au profit des ménages.
Recenser des catégories de familles dont les membres travaillent dans l’informel et ont donc des revenus non décelables officiellement ? se demande-t-il. De telles catégories, si elles étaient recensées, selon la logique du gouvernement, seraient, en effet, considérées comme nécessiteuses parce que ne possédant pas de revenus dont la traçabilité est possible, alors qu’en réalité elles possèdent des revenus confortables. D’autres part, des familles dont les membres touchent un revenu déclaré pourraient être exclues du dispositif, alors que leur pouvoir d’achat serait réellement modeste.
Pour beaucoup d’économistes, la situation est inextricable, et le ciblage des familles réellement défavorisées est une entreprise impossible. Le préalable serait une inévitable démarche d’absorption des circuits informels.
Il faudrait ainsi attirer les tenants du secteur informel dans le giron de l’économie officielle avant toute tentative de recenser et de cibler les franges les plus démunies.
M. S.
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