Hanoune : «Il est inconcevable d’attendre 2022 pour arrêter la prédation des biens publics»
Par Hani Abdi – La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a brossé un tableau peu reluisant de la situation générale du pays. De la colère des travailleurs à cause de «l’austérité» budgétaire appliquée par le gouvernement, à la poursuite de «la politique de la prédation» et de la «liquidation du secteur politique», en passant par les projets de lois sur la santé et le travail, Louisa Hanoune a vertement critiqué les dirigeants du pays.
Intervenant aujourd’hui à l’ouverture de la session de la coordination nationale des jeunes du parti, la première responsable du PT a relevé l’absence de contrôle de la gestion des finances publiques, au moment où le privé national «fait preuve d’une redoutable voracité». Louisa Hanoune regrette que les rapports de la Cour des comptes, instance en charge du contrôle de la gestion des finances publiques, ne soient pas suivis d’effet. Les rapports, que cette institution remet chaque année au chef de l’Etat, n’aboutissent pas à des décisions afin de mettre un terme aux incohérences et aux abus des responsables.
«Les crédits dits à l’investissement 2018 oscillent entre 8 000 et 10 000 milliards de dinars. Qui contrôle l’argent de l’Etat, qui contrôle la gestion des biens de la collectivité nationale, des deniers publics ?», s’est interrogée la passionaria du PT, qui a critiqué le projet de loi organique adopté en Conseil des ministres. Un projet de loi qui prévoit la définition d’un cadre budgétaire triennal mis à jour chaque année, ce qui donnera plus de prévisibilité à la gestion du budget de l’Etat. Pour Louisa Hanoune, on ne peut pas attendre jusqu’à 2022 pour corriger les errements des finances publiques. «Est-ce concevable d’attendre jusqu’à 2022 pour arrêter la prédation des biens publics ?», s’est-elle demandée.
La SG du PT a rappelé que «la loi sanctionne l’évasion fiscale et la saisie des biens mal acquis». «La Constitution énonce la criminalisation de la fraude fiscale et la confiscation des fortunes mal acquises. Pourquoi ces dispositions ne sont pas appliquées par le gouvernement et le Conseil des ministres ne les abordent pas, alors qu’elles font partie de la solution à la crise financière et à la crise morale très grave ?», s’est-elle encore demandé.
Cela est suffisant pour que Louisa Hanoune affirme que le système politique ne peut pas être réformé. Elle considère que le système est tellement gangrené qu’il ne peut pas être redressé par «des mesures très partielles et très en deçà des enjeux du moment qui exigent des décisions très audacieuses pour freiner la décomposition politique et sociale et stopper la marche au chaos».
Louisa Hanoune a souligné dans le même contexte que «toutes les tentatives de corriger les dérives butent sur la nature des institutions». Pour elle, seule une Assemblée constituante est en mesure d’apporter la solution définitive à la crise que vit actuellement le pays. Elle a assuré que la campagne lancée par le PT pour collecter un million de signatures en faveur d’une Assemblée constituante se poursuit. C’est ainsi que le PT fait de l’année 2018, a-t-elle affirmé, celle de la mobilisation, de la résistance et du combat.
Louisa Hanoune, qui accueille favorablement l’officialisation lors du Conseil des ministres de la consécration du premier jour de l’an amazigh comme fête nationale, estime qu’il est nécessaire de faire une loi de finances complémentaire afin de dégager les fonds nécessaires à la promotion réelle de tamazight à travers la généralisation et l’obligation de son enseignement.
H. A.
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