MBS négocie secrètement avec les Houthis : L’Arabie Saoudite perd sa guerre contre le Yémen
Par Sadek Sahraoui – Craignant l’enlisement au Yémen où son armée se fait régulièrement humilier malgré ses moyens colossaux, l’Arabie Saoudite cherche actuellement le moyen de sortir de ce conflit de la manière la moins honteuse possible.
Des sources diplomatiques et politiques ont confié l’agence Reuters que Riyad mène actuellement des négociations secrètes avec les Houthis. Ces négociations – dirigées côté houthi par le porte-parole du mouvement chiite, Mohamed Abdoul-Salam – se tiendraient au sultanat d’Oman. « Il y a des consultations entre Houthis et Saoudiens, sans la présence d’un représentant du gouvernement (yéménite) reconnu par la communauté internationale. Il y a clairement une volonté de la part des Houthis et de la coalition de parvenir à un accord», a confié un diplomate à l’agence de presse Reuters, qui indique que «les discussions ont débuté il y a deux mois».
Prétextant la protection de la péninsule arabique contre l’influence de l’Iran dans la région, Riyad a pris la tête en 2015 d’une coalition militaire arabe anti-Houthis. Les Saoudiens, soutenus par les Occidentaux, ne parviendront cependant pas à ramener au pouvoir le président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, malgré le blocus du pays et des bombardements aériens intensifs. En trois ans, le conflit a tué plus de 10 000 personnes, provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes et précipité le Yémen – déjà le pays le plus pauvre de la péninsule arabique – au bord d’une famine généralisée.
En l’absence de toute perspective de victoire pour la coalition, des responsables saoudiens, dont le prince héritier et ministre de la Défense Mohamed Ben Salmane, ont fait état ces derniers temps de leur souhait de voir la guerre se terminer. Ils avouent en quelque sorte leur impuissance.
Interrogé au sujet du soutien apporté par les Etats-Unis à la coalition, le secrétaire d’Etat américain Jim Mattis a estimé qu’il se justifiait par la nécessité d’aboutir à un accord. Depuis la fin de l’année dernière, l’Administration Trump a averti l’Arabie Saoudite que les inquiétudes du Congrès au sujet de la situation humanitaire au Yémen pourrait se traduire par une diminution de l’assistance américaine. Non moins important, cet élément semble avoir pesé aussi dans la décision de Riyad de lâcher le Yémen. Seule sur le théâtre des opérations, l’Arabie Saoudite n’aurait en effet aucune chance.
S. S.
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