Des médias et des ONG justifient l’attaque d’une ambassade algérienne
Par R. Mahmoudi – L’attaque dont a fait l’objet l’ambassade d’Algérie au Mali, le 12 mars dernier, a été une aubaine pour certaines ONG internationales et des médias connus pour leur activisme anti-algérien. Ainsi, au lieu de condamner une agression caractérisée contre la représentation diplomatique d’un pays souverain, supposée protégée par les autorités du pays hôte, ces voix ont trouvé là l’occasion à ne pas rater pour s’attaquer à l’Algérie.
C’est le cas de l’hebdomadaire français d’audience africaine Jeune Afrique qui est revenu dans son dernier numéro sur cette affaire. Dans son «enquête», ce magazine pro-marocain – mais, paradoxalement, toujours choyé par les décideurs algériens ! – estime, d’entrée, qu’il n’y a pas eu d’attaque contre l’ambassade algérienne, mais plutôt une «manifestation» de jeunes Maliens qui se plaignaient d’avoir été victimes de «mauvais traitements après leur arrestation en Algérie».
Reprenant des comptes rendus tendancieux et jamais vérifiés sur cet incident, l’auteur de l’article décrit, sans guillemets, des manifestants en colère après avoir été expulsés d’Algérie «dans des conditions inappropriées, voire illégales». Pourtant, le gouvernement malien a officiellement exprimé ses regrets à l’Algérie pour ces actes condamnables. Mais cela semble ne pas suffire comme argument pour le magazine Jeune Afriquequi est aussi insatisfait de la réponse de l’ambassadeur d’Algérie, joint au téléphone, qui l’a renvoyé au communiqué du chef du gouvernement malien.
Loin d’être objective, cette couverture de Jeune Afrique rejoint une campagne acharnée menée en parallèle par une kyrielle d’associations et d’ONG déjà prêtes à sortir la grosse artillerie contre l’Algérie dès l’annonce de la nouvelle. Ainsi, dans un communiqué rendu public le 16 mars, un groupe d’associations, parmi lesquelles l’Organisation marocaine des droits humains, l’AMDH Mauritanie et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LAADH), se sont empressées d’accuser les autorités algériennes d’avoir, en amont, provoqué cette crise en procédant à des arrestations «arbitraires» et «au faciès». «Ils ne demandent pas les papiers ni rien. Résultat : ils arrêtent même des Algériens noirs de peau !», accuse une association basée au Mali, citée par Jeun Afrique.
Curieusement, ces activistes décrivent exactement les mêmes situations déjà rapportées dans de précédents rapports d’Amnesty international et de Human Rights Watch, en reprenant parfois les mêmes termes et les mêmes récits, «des jeunes embarqués dans des camions escortés par la gendarmerie et lâchés en plein désert dans des conditions inhumaines». Une histoire devenue stéréotypée, mais mise à jour à chaque fois. Voici comment un responsable associatif d’origine camerounaise raconte les incidents de Bamako. «Le 6 mars, nous avons recueilli environ 92 jeunes migrants d’entre 20 et 25 ans. Ils avaient été reconduits à la frontière quelques jours plus tôt. Ils se sont plaints de mauvais traitements, d’humiliations… Certains sont repartis vers Bamako le 8 mars. Quelques-uns étaient dans la manifestation du 12.»
Plusieurs ONG internationales installées au Mali, comme EuroMed Droits, n’ont d’yeux que pour ce qui vient d’Algérie, oubliant que les exactions, les crimes de guerre, les déplacements forcés et, pour tout dire, les véritables humiliations sont quotidiennes au Mali.
R. M.
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