Témoignage d’un chrétien algérien : «Nous vivons dans la clandestinité !»
Par R. Mahmoudi – Invité en France par l’association Aide à l’Eglise en détresse (AED) pour présenter la campagne de «carême 2018», l’Algérien Paul-Élie Cheknoun, 44 ans, converti au christianisme, a brossé un tableau noir de la situation des chrétiens en Algérie.
Dans son témoignage recueilli par Le Figaro, en marge de cette journée d’hommage organisée en mémoire des chrétiens, victimes de persécution et d’assassinat dans le monde, Paul-Élie Cheknoun a déclaré : «Etre chrétien en Algérie, c’est vivre dans un milieu à écrasante majorité musulmane. Les chrétiens sont moins de 1% de la population. On vit dans la clandestinité. On n’a aucun signe apparent. On fait en sorte de ne pas se faire remarquer parce que c’est dangereux, surtout de quitter l’islam pour devenir chrétien.»
L’Algérie est classée par les organisateurs de cette journée de martyrologie parmi les pays où les chrétiens sont «pourchassés», juste derrière le Mexique et l’Egypte, deux pays ayant enregistré, cette année, le plus grand nombre d’assassinats visant des chrétiens.
Cet alarmisme vient contredire les assurances du ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, sur la liberté du culte en Algérie, y compris pour les chrétiens, démentant à chaque fois les informations évoquant des cas de persécution contre des personnes converties au christianisme.
En octobre dernier, le ministre a mis l’accent sur le fait qu’il n’existait pas de «minorités religieuses» en Algérie mais seulement des «communautés», à l’instar de la communauté africaine chrétienne, tout en affirmant que l’Etat assurait à toutes ces communautés des lieux de culte pour leur permettre de pratiquer leur confession «en toute liberté».
Mohamed Aïssa rappelait que la loi algérienne est «stricte» en matière de pratique d’autres cultes que l’islam et est, en même temps, «ouverte». «Il n’existe aucun danger pour les lieux sacrés des autres religions en Algérie, qui est capable de les protéger», a-t-il souligné.
Episodiquement épinglé sur les libertés religieuses aussi bien par Washington que par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, l’Algérie s’est toujours défendue d’avoir opprimé les communautés religieuses reconnues comme telles. Pour les autorités algériennes, ce qui est combattu, car formellement interdit par la loi, ce sont les actions de prosélytisme, de quelque tendance ou croyance qu’elles soient. D’ailleurs, plusieurs structures fondées par des partisans de sectes se réclamant pourtant de l’islam, comme El-Ahmadiya et des groupes chiites, ont été démantelées au cours de ces derniers mois.
R. M.
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