Les quatre vérités
Par R. Mahmoudi – Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prononcé, ce lundi, le discours le plus fort sans doute de son histoire. On ne l’a, en tout cas, jamais vu aussi irrité et aussi amer, lui qui est d’habitude très calme et très circonspect dans ses prises de parole.
Comme dans un discours-testament (on le dit malade depuis quelque temps mais ce ne doit pas être la seule raison), il a réglé leurs comptes, tour à tour, aux frères ennemis du Hamas, qu’il désigne en des termes méprisants et qu’il accuse ouvertement de «baltaguias» et de «vendus» suite à la tentative d’assassinat du Premier ministre il y a une semaine à Gaza, et aux Américains et leurs alliés, en traitant l’ambassadeur des Etats-Unis à Tel-Aviv de «fils de chien». Dans la foulée, il jette une bombe à fragmentation, en disant que ce sont les Américains qui avaient fomenté le coup d’Etat en 2007 à Gaza pour y placer le Hamas.
A la fin de son discours, Abbas demande aux journalistes présents de rapporter fidèlement ses propos et de ne pas chercher à les dénaturer. Autrement dit, il assume tout ce qu’il a dit et compte rester sur cette position frontale. Sent-il que ses derniers jours sont comptés à la tête de ce trois quart de pays qu’est l’Autorité palestinienne ? Harcelé par les Américains et leurs protégés saoudiens pour lui faire signer le fameux «pacte du siècle», stipulant essentiellement la reconnaissance d’El-Qods comme capitale d’Israël, Mahmoud Abbas mène aujourd’hui exactement la même lutte qui était imposée à son prédécesseur, Yasser Arafat, avant d’être empoisonné. Après avoir fait toutes les concessions du monde, et signé tous les accords (d’Oslo à Camps David 2), Abou Ammar, dans un sursaut de fierté et de patriotisme, refusa de pactiser avec le diable.
R. M.
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