Cent intellectuels français s’arrogent le droit de parler au nom des musulmans
Par R. Mahmoudi – Cent intellectuels français, dont les plus célèbres sont connus pour leur activisme islamophobe, ont signé une contribution publiée mardi par le porte-voix de la droite traditionnelle française Le Figaro et intitulée «Non au séparatisme islamiste», pour dénoncer «le nouveau totalitarisme islamiste». Se drapant derrière la menace islamiste, ces thuriféraires de l’idéologie d’exclusion entretiennent sciemment l’amalgame entre musulmans et islamistes.
«Le nouveau totalitarisme islamiste, écrivent-ils, cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l’intolérance», en expliquant avoir «pu observer cette stratégie lorsque le syndicat d’enseignants Sud Education 93 proposait, il y a quelques semaines, un stage de formation comportant des ateliers de réflexion sur le « racisme d’Etat » interdits aux « Blanc.he.s »». Et d’enchaîner : «Certains animateurs étaient membres ou sympathisants du Collectif contre l’islamophobie en France et du Parti des indigènes de la République. Les exemples de ce genre se sont multipliés dernièrement. Nous avons ainsi appris que la meilleure façon de combattre le racisme serait de séparer les « races »».
Les signataires, parmi lesquels on trouve Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner, Sylvain Tesson, Luc Ferry ou encore Elisabeth Lévy, justifient leur démarche par «le sentiment qu’un danger menace la liberté en général, et pas seulement la liberté de penser».
Inversant les rôles, en montrant la victime dans celui du bourreau, les cent intellectuels s’élèvent contre ce qu’ils qualifient d’«apartheid d’un nouveau genre» qui est proposé à la France. «Ce nouveau séparatisme, renchérissent-ils, est en réalité l’arme de la conquête politique et culturelle de l’islamisme». Et de s’interroger candidement : «Comment ne pas voir que la laïcité protège aussi les religions minoritaires ?».
Pointant du doigt l’islamisme comme un phénomène jamais défini et clarifié, les signataires de la contribution s’accordent à penser que «l’islamisme veut être à part, car il rejette les autres, y compris les musulmans qui ne partagent pas ses vues». Parlant perfidement au nom des musulmans de France, dont ils ne savent pas clairement où les cataloguer, ils jugent que «tous disent vouloir vivre dans un monde complet où les deux sexes se regardent sans se sentir insultés par la présence de l’autre, où les femmes ne sont pas jugées inférieures par nature, où les gens peuvent se côtoyer sans se craindre, où aucune religion ne fait la loi».
R. M.
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