L’Association des oulémas qualifie le prédicateur Ferkous de «dangereux» pour l’unité nationale
Par Hani Abdi – Rien ne va plus entre le prédicateur salafiste Mohamed-Ali Ferkous, alias Abou Abdelmouaâz Mohamed, et l’Association des oulémas musulmans algériens. Cette association, dirigée par Abderrezak Guessoum, réagit énergiquement à ce qu’elle considère comme une «grave dérive» du salafiste Ferkous, qui exclut dans une récente fatwa le soufisme et les Frères musulmans du sunnisme. L’Association des oulémas, qui défend le sunnisme contre le chiisme, appelle dans un communiqué les hautes autorités du pays à ne pas se taire face à ce dérapage qui porte atteinte «à l’unité nationale».
L’Association des oulémas demande à tous «les savants» et exégètes musulmans algériens à rompre le silence pour dénoncer la fatwa de Ferkous et à exiger des sanctions contre ce salafiste qui semble être en guerre contre les autres courants islamistes qui ont le vent en poupe en Algérie. Le prédicateur Ferkous est connu pour être le représentant du courant wahhabite en Algérie. Dans une correspondance adressée aux prédicateurs et adeptes algériens du salafisme, datée du 21 rabia al-thani 1439 (correspondant au 8 janvier 2018), cheikh Hadi Ben Ali Al-Madkhali, dépositaire de la secte madkhaliste, fondée par son père Rabia Al-Madkhali, avait annoncé la désignation de trois prédicateurs comme représentants de la da’wa salafiste en Algérie. Le numéro un n’était autre que Ferkous qui a démontré son utilité pour la propagation des idées de ce sous-produit de la doctrine wahhabite fondé sur le salafisme dit quiet (salafia i’lmiyya).
Le conflit entre l’Association des oulémas et ce prédicateur et ses affidés renseigne ainsi sur l’affrontement dogmatique entre les courants islamistes les plus rétrogrades. La fatwa de Ferkous semble ainsi traduire la doctrine des wahhabites qui combattent les chiites en se considérant comme les seuls vrais sunnites. Il faut dire que le front anti-Qatar a classé l’Union internationale des érudits musulmans (oulémas), proche des Frères musulmans, et à laquelle adhère l’Association des oulémas musulmans algériens, comme une organisation terroriste. Cela expliquerait ces dualités entre les oulémas algériens et le courant salafiste incarné par Ferkous.
H. A.
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