Mustapha Abdeljalil : «Mahmoud Djibril a voulu jeter la Libye dans les bras des islamistes et du Qatar»
Par Sadek Sahraoui – Après plusieurs années de silence, l’ancien président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdeljalil, a décidé de se confesser pour visiblement soulager sa conscience de ses multiples trahisons. Dans une longue interview qu’il vient d’accorder à la chaîne de télévision Libya 218, celui qui a servi de cheval de Troie à Nicolas Sarkozy et David Cameron pour détruire la Libye a ainsi confirmé l’implication des Frères musulmans dans l’assassinat, en 2011, de l’ancien ministre libyen de l’Intérieur, le général Abdel Fattah Younès.
L’ancien responsable félon a révélé que c’est le bataillon Abou Obeida dirigé à l’époque par le chef terroriste Ahmed Boukhtala qui s’est chargé de la liquidation du général Younès. A l’époque, a-t-il précisé, les éléments des groupes terroristes avaient infiltré pratiquement toutes les unités de la nouvelle armée libyenne naissante.
Mustapha Abdeljalil fait une autre révélation de taille : il a assuré que la mort de Abdelfettah Younès avait été voulue par Ali al-Issawi, l’un des responsables du bureau exécutif du CNT, ajoutant que l’ancien ministre de l’Intérieur était un patriote et qu’il ne pensait qu’au bien de la Libye et des Libyens. Pourquoi les islamistes ont-ils voulu la mort du général Younès ? Celui qui fut l’ancien bras droit de Mouammar Kadhafi était pressenti pour prendre la tête de la rébellion. Et les islamistes, a-t-il dit, n’en voulaient pas. «Ils avaient peur de lui. Ils ont donc tout fait pour le discréditer et l’écarter de leur chemin. Ils voyaient en lui un obstacle important pour s’emparer du pouvoir. C’est la raison pour laquelle ils l’ont éliminé», a asséné l’ancien président du CNT, qui accuse également «les Frères musulmans de ne pas se soucier de la stabilité de la Libye et de suivre un agenda caché».
Quid du rôle du Qatar en Libye ? Mustapha Abdeljalil a confié encore que Doha a longtemps fait pression pour créer une Garde nationale, une sorte d’armée parallèle. Une proposition, a-t-il dit, que les membres du bureau exécutif du Conseil de transition ont refusé à l’exception de Mohammed Harizi, Abdul Razak Al Iradi, Abdelhakim Belhadj et trois autres personnalités appartenant au courant des Frères musulmans.
L’ancien président du CNT a révélé encore que Mahmoud Djibril – que la presse occidentale a souvent présenté comme un laïc – était un farouche partisan de l’intégration des islamistes dans le CNT, estimant le courant islamiste était une réalité qu’il n’était pas possible d’ignorer. Il a ajouté que les Qataris ont réussi à placer nombre de leurs pions à la tête des nouvelles institutions libyennes, précisant que Mahmoud Djibril a tout fait pour jeter la Libye dans les bras des islamistes, du Qatar et de l’Otan.
S. S.
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