Les frères du président Bouteflika seraient contre un cinquième mandat
Par Hani Abdi – Depuis quelques semaines, des rumeurs persistantes circulent sur un éventuel désaccord entre le président Abdelaziz Bouteflika et sa famille la plus proche sur la lancinante question du 5e mandat. Ainsi, susurre-t-on, les frères du Président ne seraient pas «chauds» pour un nouveau mandat, y compris Saïd, auquel on confère des pouvoirs parfois surdimensionnés et dont on dit qu’il était l’artisan du 4e mandat. Mais cette fois-ci, même ce conseiller spécial du Président, selon les mêmes rumeurs, serait opposé à ce nouveau mandat qu’il aurait qualifié d’«absurde».
Et il n’y aurait pas que lui, puisque même la sœur du Président, Zhor, serait également contre un 5e mandat. Et ces rumeurs, largement répercutées souvent par des moyens de communication alternatifs ou non conventionnels, sont depuis quelques jours au centre des discussions des partis politiques et de personnalités nationales qui se démènent à travers leurs réseaux pour vérifier la véracité des rumeurs. Selon nos informations, des personnalités bien connues, à l’instar d’Ali Benflis, Abdellah Djaballah, Abdelaziz Belaïd, Abderrezak Mokri, ainsi que d’autres personnalités civiles prennent au sérieux ces rumeurs qu’ils tentent de confirmer ou d’infirmer.
L’intérêt accordé à ces rumeurs par des partis et des personnalités visiblement intéressées par la prochaine présidentielle s’explique par le grand flou bien entretenu autour des véritables intentions du chef de l’Etat et de son premier cercle présidentiel. On se souvient encore du démenti catégorique des propos de l’un des leurs, à savoir l’avocat et président de la défunte Commission nationale de protection et de promotion des droits de l’Homme, Mustapha-Farouk Ksentini. Aussi, il y a cette fameuse instruction du secrétaire général du FLN à ses militants leur interdisant de parler ou d’appeler à un 5e mandat. Une instruction fermement appliquée, puisque le trublion député FLN d’Annaba a été traduit devant la commission de discipline pour avoir lancé un comité de soutien pour un 5e mandat.
Le chef de l’Etat a rajouté une couche à la confusion en appelant lors de son message à l’occasion de la fête de la Victoire, qui coïncide avec le 19 mars de chaque année, la classe politique à se préparer à la course au pouvoir. Il a estimé dans son message que «la scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir». Le message de Bouteflika reste ainsi confus sur la question du 5e mandat.
Des constitutionnalistes, à l’instar de Fatiha Benabou, écartent le 5e mandat d’un point de vue légal, en ce sens qu’il n’y a pas eu une nouvelle Constitution qui remettrait à zéro les comptes, mais juste un amendement de celle qui est en vigueur. Autrement dit, le président Bouteflika ne pourra pas briguer un autre mandat puisque la Constitution les limite à deux seulement et qu’il en a fait quatre. Mais comme la Constitution n’est pas déterminante dans les choix politiques des dirigeants, la classe politique scrute plutôt la moindre rumeur qui émanerait du cercle présidentiel et plus particulièrement de sa famille proche.
H. A.
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