La Fédération nationale des distributeurs de lait exige la préservation de ses acquis
La Fédération nationale des distributeurs de lait a exprimé, lundi à Alger, son rejet de toute velléité de retrait aux distributeurs de lait des avantages qui leur avaient été accordés durant les années précédentes, a affirmé le président de la fédération, Farid Oulmi. Affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la Fédération nationale des distributeurs de lait, qui a tenu lundi son premier congrès national, œuvre à définir les causes de la pénurie du lait sur le marché, à parvenir à un accord avec les parties concernées sur la marge bénéficiaire au profit des distributeurs de lait et à garantir le droit de rendre à l’usine les marchandises endommagées en vue de contribuer à l’organisation du marché et de barrer la route aux intrus.
M. Oulmi a fait savoir que le nombre des distributeurs de lait au niveau national est estimé à 1 500 distributeurs collaborant avec 119 laiteries, dont 15 publiques, ajoutant que certaines ont à leur actif plus de 35 ans d’ancienneté. Le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait a déploré le fait que les laiteries octroient les quantités de façon anarchique, en l’absence de toute politique de gestion équitable du produit, ce qui met un nombre important de distributeurs dans une situation de manque de recettes par rapport aux longues distances parcourues pour acheminer cette denrée aux citoyens et les charges induites en termes de carburant et de salaires des travailleurs.
A cela s’ajoutent les sachets de lait endommagés qui peuvent parfois atteindre 100 sachets/jour en raison de défaut de production à l’usine et le refus des laiteries de les récupérer ou de rembourser leur valeur au distributeur, affirme le président de la fédération. M. Oulmi a cité à titre d’exemple le cas de distributeurs bénéficiant de seulement de 2 000 litres de lait à distribuer pour une marge de 0,90 centimes/litre avec des déplacements de plus de 50 km par jour, ce qui fait que leur gain s’élève à 1 800 DA par jour.
Partant, il a exhorté les parties concernées à faire obligation aux laiteries de respecter «la transparence et l’équité» dans l’octroi des quantités de lait aux distributeurs et à mettre un terme à la cacophonie caractérisant les déclarations des responsables du secteur de l’agriculture affirmant la disponibilité de la matière première et les déclarations des directeurs des laiteries qui parlent de quantités limitées de poudre de lait. La marge bénéficiaire des distributeurs est passée de 0,75 centimes/l à 0,90 centimes en 2016.
Par ailleurs, M. Oulmi a appelé les inspections existantes au niveau des laiteries à faire leur travail en enquêtant sur l’identité et les registres de commerce des distributeurs et à déterminer la quantité de lait accordée à chaque distributeur en vue de s’assurer que le lait subventionné parvient aux bénéficiaires réels. Le même responsable a indiqué que les représentants de la fédération se réunissent deux fois par semaine avec le directeur général du complexe de Birkhadem pour examiner les solutions pour réguler le marché et en finir avec le problème de manque de matière première (poudre de lait).
Soulignant le recul de la production de ce groupe de 600 000 litres/j à 420 000 litres/j, soit un déficit de 180 000 litres/j, M. Oulmi a affirmé que cette situation a eu un impact sur la disponibilité du lait et sur les recettes des distributeurs sachant que le complexe couvre 57 communes de la capitale ainsi que des communes voisines. Le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait a précisé, en outre, que les distributeurs du groupe Colaital de Birkhadem ont refusé de signer la convention conclue entre l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) et le ministère du Commerce pour préserver les acquis accordés par le groupe à ces distributeurs.
Il a indiqué, à cet égard, que les distributeurs refusent toute négociation portant sur la suppression de l’avantage qui leur est accordé par le groupe depuis des années, à savoir 6 citernes de lait contre 500 distribuées, appelant à l’ouverture d’un dialogue autour des clauses de cette convention. Les distributeurs de lait restent attachés aux acquis qui leur sont octroyés par les entreprises publiques au titre d’aide qui représente une bouffée d’oxygène pour eux.
Pour sa part, le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah, a indiqué que la constitution de cette fédération est venue faire face aux défis induits en matière de commercialisation du lait et les efforts visant l’organisation du marché, notamment à l’approche du mois de Ramadhan. Il a estimé que cette démarche est à même de garantir l’approvisionnement en cette matière durant le mois de Ramadhan et réunir la corporation des distributeurs du lait afin de leur permettre de soulever leurs préoccupations. Il a fait état, en outre, d’une coordination à travers cette nouvelle fédération entre les deux ministères de l’Agriculture et du Commerce en vue de garantir la disponibilité du lait sur le marché.
De son côté, le directeur en charge du dossier du lait au niveau du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Noureddine Beskri, a fait savoir que la constitution de la fédération se veut un acquis pour le secteur permettant l’organisation des distributeurs de ce produit stratégique, qui constituent un maillon important dans l’approvisionnement du marché. S’agissant de la pénurie du lait, M. Beskri a estimé que la situation actuelle est le résultat d’une «responsabilité collective» en raison de la mauvaise organisation et le penchant excessif du citoyen à stocker cette matière, outre le détournement de cette matière vers le marché parallèle.
R. N.
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