Niger : plusieurs figures de la société civile inculpées
La justice nigérienne a inculpé ce mardi 23 responsables de la société civile, écroués dimanche après une manifestation interdite qui avait dégénéré en violences avec la police. Les manifestants voulaient braver l’interdiction par les autorités d’une manifestation contre la loi de finances de 2018 qu’ils jugent «antisociale».
Selon des responsables du collectif d’ONG, à l’origine de la protestation, les personnes incarcérées sont poursuivies notamment pour «organisation et participation à une marche interdite» et «complicité de dégradations de biens publics et privés». Des télévisions locales ont précisé que les quatre figures de la contestation sont incarcérées dans différentes prisons : Nouhou Arzika est en détention à Say (sud de la capitale), Moussa Tchangari à Ouallam (nord de Niamey), maître Lirwana Abdourahamane à Dai-Kaina (ouest) et Ali Idrissa est écroué à Filingué, à environ 180 km au nord-est de Niamey.
Lundi, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International (AI) a demandé la libération des 23 personnes. «Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer les activistes de la société civile et de l’opposition politique arrêtés hier (dimanche) au cours d’une manifestation publique», indique Amnesty International dans un communiqué sur son site. D’après AI, «la vague d’arrestations d’activistes et la réponse manifestement brutale des forces de sécurité bafouent non seulement le droit des manifestants à la liberté de réunion pacifique, mais risquent d’embraser une situation déjà tendue au Niger».
La manifestation de dimanche «a été interdite pour des raisons de sécurité» et surtout «parce qu’elle était prévue la nuit», a précisé à l’AFP le ministre nigérien de l’Intérieur, Bazoum Mohamed. Mais ses organisateurs «ont passé outre», a expliqué le ministre. Les manifestants «ont incité et provoqué des troubles à l’ordre public (…), ils sont en rébellion pour avoir jugé l’arrêté d’interdiction des autorités illégal», a-t-il affirmé. Dimanche soir, la police a ordonné la fermeture «jusqu’à nouvel ordre» du groupe privé de radio-télévision Labari, appartenant à Ali Idrissa.
R. I.
Commentaires