Non au gaz de schiste ! Oui à la sauvegarde de l’eau des générations futures !
Par Dr Hocine-Nasser Bouabsa – Le gaz de schiste et l’amendement de la loi sur les hydrocarbures sont de nouveau des sujets d’actualité. Ce n’est pas une coïncidence. Car à chaque fois que les enjeux des élections présidentielles sont au rendez-vous, la nation algérienne est confrontée à un marchandage autour de ses richesses naturelles.
Chakib Khelil et ses réseaux qui contrôlent Sonatrach depuis l’an 2000, ont déjà fait suffisamment de mal aux Algériens en optant pour une exploitation extrêmement agressive des réservoirs des hydrocarbures conventionnels, avec pour conséquence la chute brutale de la production des hydrocarbures en raison des dommages collatéraux que l’on cause aux réservoirs à travers une exploitation intensive. Cette politique a causé d’énormes pertes au trésor public : puisque ce dernier engrange au total moins de revenus fiscaux et parafiscaux sur le long terme.
Après avoir causé des dégâts irréversibles aux réservoirs des hydrocarbures conventionnels, on s’attaque maintenant aux réservoirs de la ressource la plus précieuse de la vie : l’eau stockée dans les nappes phréatiques et albiennes du Sahara. Avec un seul objectif : pérenniser le système rentier.
Mais lorsqu’il s’agit d’eau, c’est le risque zéro qui doit prévaloir et accompagner toute politique de développement pertinente. Or, aux Etats-Unis – le pays phare de l’exploration des hydrocarbures non-conventionnels comme le gaz de schiste –, il a été prouvé que cette exploration cause des contaminations graves et irréversibles aux nappes phréatiques. Ce danger de contamination est encore beaucoup plus élevé en Algérie en raison des formations géophysiques locales plus perméables.
En Allemagne comme en France – qui disposent de réserves considérables de gaz de schiste aussi mais où néanmoins les lobbies pétroliers ne sont pas aussi puissants qu’aux Etats-Unis –, l’Etat est très réticent à autoriser le développement du gaz de schiste en raison des risques que représente son exploitation sur les réservoirs d’eaux souterraines. Et ceci, malgré une pluviométrie très abondante. Pourquoi alors le pouvoir persiste-t-il donc dans son entêtement suicidaire, bien que l’Algérie soit classée par l’ONU comme zone stressée du point de vue des ressources hydriques, contrairement à l’Europe ?
Voici deux chiffres exorbitants qui donnent froid dans le dos et que la compagnie pétrolière Exxon a publiés elle-même. Ils soulignent le danger et le non-sens de la fracturation. Pour un hectare de surface d’exploration (moyenne de 10-15 forages) du gaz de schiste, on consomme sans garantie de résultat :
– 850 000 litres de produits chimiques toxiques injectés, qu’on doit normalement récupérer, traiter et stocker ;
– 300 millions de litres d’eau potable gaspillée et irrécupérable.
Avec l’argent qu’on veut investir dans l’exploration du gaz de schiste et les quantités énormes d’eau qu’on gaspillera, n’est-il pas plus pertinent de créer des milliers de fermes dans le Sud, qui produiront des millions de tonnes de pomme de terre, de carotte, de tomate, de concombre et autres légumes dont les Algériens ont besoin et que l’Algérie pourrait exporter vers l’Europe et ailleurs ? Avec la plus-value d’une telle activité agricole, on développerait des filières de transformation et on financerait la création d’une industrie des énergies renouvelables. Le résultat en serait un bilan énergétique, environnemental et économique beaucoup plus avantageux.
L’Algérien est créatif, travailleur et il peut inventer plein de choses pour développer son pays. Il a juste besoin qu’on lui indique le bon chemin.
Les Algériens patriotes sont interpellés pour faire barrage à un crime qui se trame contre la nation et dont les seules bénéficiaires seront surtout les multinationales et les oligarques locaux. Alors que la communauté nationale et particulièrement les citoyens du Sud supporteront le lourd fardeau qui résulterait de la destruction de leur espace vital.
H.-N. B.
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