De Villepin et l’Algérie : un homme de bonne volonté mais mal éclairé
Par Kamel M. – Les observateurs qui ont suivi les déclarations de Dominique De Villepin à Alger ont remarqué le déphasage de ce responsable français quant aux nouvelles réalités algériennes. C’est ainsi qu’au sujet de l’Algérie «qui doit se réconcilier avec elle-même», l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a paru en retard d’une guerre, sachant que l’Algérie a, depuis longtemps, engagé un processus de réconciliation nationale qui a abouti à l’extinction quasi totale du terrorisme dans le pays, hormis quelques poches de résistance qui tentent, vainement, de mener des actions éparses et sans impact aucun sur la sécurité et, encore moins, sur le moral des Algériens.
De Villepin ignore-t-il que l’Algérie, qui s’est reconstruite par sa réconciliation nationale, fascine toujours les observateurs internationaux par ses grandes capacités de résilience ? Le dernier en date, Andrew Noble, ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Alger, soulignait à ce propos, lors d’une conférence organisée cette semaine à la prestigieuse London School of Economics, que notre pays, qui fait face à de nombreux défis découlant de la situation prévalant dans son environnement géopolitique, «a réussi à surmonter les difficultés que lui posent son environnement régional et ses turbulences en raison, notamment, de l’expérience acquise dans le cadre de la réconciliation nationale».
A ce sujet, des sources ont indiqué à Algeriepatriotique qu’il «eût été de bon aloi d’aller de l’avant pour parler justement de l’importance accordée à la réconciliation nationale et à la contribution de l’Algérie dans la résolution des crises régionales, en particulier en Libye et au Sahel», ajoutant que «tout le monde sait que l’Algérie, qui a combattu et vaincu le terrorisme dans les années 1990, mobilise aujourd’hui ses ressources pour consolider sa stabilité et sa sécurité, et promouvoir son développement socioéconomique».
Notre source rappelle, à ce titre, les appels insistants du président de la République qui a déclaré que la réconciliation nationale devait «marquer une étape décisive du processus de renouveau de notre pays» et qu’elle «fait appel à toutes les Algériennes et à tous les Algériens pour pardonner, sans oublier pour se tourner résolument vers l’avenir et réinventer une nouvelle manière de vivre ensemble en paix et résorber les plaies de tout un peuple qui se réconcilie, ainsi, avec lui-même». Cette réconciliation nationale que Dominique De Villepin semble ne pas avoir étudiée de près ne représente ni un abandon ni une désertion, mais un choix civilisationnel pour lequel notre peuple a pris option.
«Qu’en est-il de la réconciliation de la France avec elle-même ?», serait-on tentés de se demander, lorsqu’on sait que la France officielle oppose un refus catégorique à toute reconnaissance des cultures et des langues autres que le français, notamment le corse dont le peuple réclame la promotion, en vain. Ceci, au moment où, au contraire, l’Algérie vient de reconnaître officiellement le Nouvel An amazigh.
Quant aux efforts consentis par l’Algérie pour la paix dans la région, faut-il rappeler qu’il y a moins d’une année le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a effectué plusieurs déplacements en Libye, dans le monde arabe et dans la région sahélienne pour réaffirmer la vivacité des liens qui nous lient avec ces pays et détailler la vision de l’Algérie ? La tournée de Messahel dans la région du Golfe et les sollicitations libyennes, maliennes, arabes et internationales traduisent le poids de l’Algérie qui tient sa force de sa réconciliation nationale, justement. Une réconciliation qui s’exporte bien, d’ailleurs, puisque l’Irak, le Mali et la Libye veulent s’en inspirer pour en faire un axe central de refondation nationale.
K. M.
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