La caricature
Par R. Mahmoudi – La plupart des médias arabes et occidentaux ont critiqué ou caricaturé à souhait l’élection présidentielle qui se déroule en ce moment en Egypte, en essayant, insidieusement, de mettre en relief l’échec de la «contre-révolution» dans le monde arabe. Les plus indulgents évoquent un «plébiscite» en faveur du maréchal Al-Sissi et «une élection sans enjeu et dont les résultats sont connus d’avance».
S’il est un fait établi que cette expérience égyptienne ne peut être un exemple de démocratie pour le reste des peuples de la région, et que la démarche suivie jusque-là par le président Al-Sissi pour redresser son pays – répression, militarisation de la société, concentration des pouvoirs et musellement des libertés publiques –, est contestable, il ne faut pas tomber si facilement dans la propagande manichéiste des Frères musulmans et de leurs soutiens qataris, français ou britanniques. Pour tout ce monde, c’est simple, il faut dénigrer Al-Sissi et l’armée égyptienne, non pas parce qu’ils ont pris le pouvoir, mais parce qu’ils en ont chassé les islamistes.
On peut être sensibles à certaines critiques, celles touchant notamment au verrouillage des champs politique et médiatique après la formidable ouverture connue à la chute de l’ex-rais Hosni Moubarek il y a sept ans, mais il ne faut pas non plus oublier que cette armée avait sauvé son pays d’un naufrage certain après l’accession d’un islamiste à la tête de l’Etat, en prenant le risque, comme l’armée algérienne en 1992, de se voir montrée du doigt, jusqu’au jour d’aujourd’hui, par les puritains de la démocratie.
Maintenant, pourquoi Al-Sissi a échoué dans son entreprise, et pourquoi il n’a pas été à la hauteur des attentes des millions de ses concitoyens qui avaient accompagné le mouvement de redressement du 3 juillet 2013 ? Il faut chercher les raisons ailleurs. Il faut, bien entendu, en débattre.
R. M.
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