Contribution – De Villepin à Alger pour défendre les thèses marocaines
Par Amine Ben. – Dominique De Villepin , ancien Premier et ministre français des Affaires étrangères, reconverti dans le lobbying et les affaires à l’international, était en visite à Alger pour une conférence à l’Ecole supérieure algérienne des affaires, des interviews et des entretiens avec des ministres algériens et des membres du FCE.
L’ancien chef de la diplomatie française, qui fait au passage la promotion de son dernier livre, Réconcilier les silences : donner sa parole pour la paix, ne craint donc pas de faire dans le mélange des genres et se pose en «conseilleur». Ainsi, il appelle «au retour de la parole algérienne sur la scène internationale», et ajoute que «l’heure est à la sortie progressive du silence». Comme si l’Algérie était devenue subitement aphone et sa diplomatie inexistante, puisqu’il estime que «l’Algérie a son rôle à jouer, notamment en tant que puissance stabilisatrice. Elle l’a prouvé en Afrique, en particulier au Mali, via son implication dans la signature des Accords d’Alger de 2015, dont le suivi doit néanmoins être renforcé», a-t-il dit. «Il faut que la voix de l’Algérie, cette voix singulière du refus de la guerre et du refus de l’ingérence, porte de nouveau dans le monde arabe. On a besoin d’entendre l’Algérie sur la Libye, sur le Yémen mais aussi sur la question syrienne. Aujourd’hui et demain, son expérience pourrait être primordiale, elle qui a su surmonter les épreuves d’une nation et d’un tissu social déchirés par la guerre civile», a encore affirmé Dominique De Villepin, cité par les médias.
L’ancien diplomate n’a pas l’air d’être bien informé de l’activité diplomatique tous azimuts de notre pays et précisément de son action stabilisatrice dans la région, actions auxquelles rendent hommage de nombreux, dont des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais passons. A vrai dire, Dominique De Villepin ne fait que porter sa casquette de fervent défenseur de son pays natal, le Maroc, dont il soutient implicitement la politique coloniale et – fait sans précédent – reprend la propagande. Aussi parle-t-il de «l’enracinement d’un conflit politique» qui «pourrait laisser le champ libre à la radicalisation d’une nouvelle génération sahraouie ayant grandi dans les camps de réfugiés, ce qui constituerait à terme un risque terroriste accru au niveau régional».
Alors qu’il se prend pour un visionnaire, le biographe de Napoléon nie le fait national sahraoui et la lutte depuis près d’un demi-siècle d’un peuple pour sa survie et pour sa lutte de libération, son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est précisément le soutien sans limite de la France au Conseil de sécurité qui permet au Maroc d’esquiver l’application des résolutions des Nations unies et la mise en œuvre du référendum pour l’autodétermination au Sahara Occidental. D’ailleurs, et selon les révélations du journaliste marocain Omar Brousky dans La république de sa majesté, c’est dans le bureau même de Dominique De Villepin, au Quai d’Orsay, que fut concocté le «plan d’autonomie» proposé par le Maroc et la France, affolés par la perspective d’un référendum et la mise en œuvre du plan Baker qui aurait abouti à l’indépendance du Sahara Occidental. Nous reviendrons plus en détails sur les déclarations de Dominique De Villepin qui suggère une coopération militaire franco-algérienne et sur sa vision de la «réconciliation» entre l’Algérie et la France. Mais il faut bien se demander en quelle qualité parle Dominique De Villepin. Rêve-t-il de retrouver le Quai d’Orsay ?
Pour le moment, et selon un hebdomadaire français, l’ancien Premier ministre est «très actif à l’étranger, surtout en Russie, au Qatar et en Chine». Il a aussi conféré une dimension internationale à ses activités, en créant la société Villepin International Limited.
A. B.
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