Guerre des sectes : le jeu dangereux des Frères musulmans en Algérie
Par R. Mahmoudi – Le chef du MSP, Abderrazak Mokri, rejoint le ministre des Affaires religieuses dans sa riposte contre les salafistes dits madkhalistes en Algérie et considère, lui aussi, qu’ils sont étrangers au rite algérien et, globalement, à notre perception de l’islam. Il va même jusqu’à dénoncer le caractère éminemment «takfisriste» de cette secte salafiste.
Cette position peut tromper beaucoup de monde. Si, venant de la part d’un ministre du culte dont on sait qu’il croise le fer, parfois seul, avec les islamistes de tous bords sur mille et un sujets, cette position paraît réellement courageuse, on ne pense pas la même chose quand elle émane du leader d’un parti politique organiquement lié à la confrérie des Frères musulman dont la doctrine est aussi étrangère que le salafisme wahhabite.
En fait, tout ce qui intéresse Mokri, en s’incrustant sournoisement dans cette campagne anti-salafiste, c’est de participer à l’affaiblissement d’un courant religieux, le madkhalisme, téléguidé à partir d’Arabie Saoudite, pour mieux asseoir sa propre secte, les Frères musulmans, autrefois dirigée à partir de Doha et depuis peu à partir d’Istanbul. Il se trouve que le représentant de la secte madkhaliste en Algérie, le pseudo-cheikh Ferkous, avait, dans une récente «fatwa», jeté l’opprobre, pêle-mêle, sur les soufis, les kharijites, les chiites et les Ikhwan (Frères musulmans), en décrétant – selon son ijtihad – qu’ils étaient hors de la catégorie authentique d’«ahl essuna» (les partisans de la sunna). Seuls les partisans de la salafiya sont, d’après lui, dignes d’être désignés comme tels.
On voit donc bien que Mokri, lui qui n’a jamais soutenu les soufis, ni les kharijites ni encore moins les chiites, défend avant tout, ici, sa secte, les Ikhwan. C’est là où le ministre Mohamed Aïssa, et beaucoup d’Algériens jaloux comme lui de leur référentiel religieux, ont été pris dans le piège, celui des tiraillements et de la guerre de positions à laquelle se livrent les deux monarchies rivales du Golfe, le Qatar et l’Arabie Saoudite, pour mettre sous leur coupe le reste du monde arabe.
R. M.
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