Ben Salmane : «Le wahhabisme n’existe pas en Arabie Saoudite»
Par R. Mahmoudi – Le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, enchaîne gestes et déclarations confirmant les soupçons de nombreux observateurs sur les accointances de son régime avec l’entité sioniste.
Dans sa dernière sortie, l’homme fort de Riyad estime dans un entretien au magazine américain The Atlantic paru lundi qu’Israël avait «le droit de vivre en paix sur son territoire». «Je pense que les Palestiniens et les Israéliens ont droit à leur propre terre», explique Ben Salmane. «Mais nous devons obtenir un accord de paix pour garantir la stabilité de chacun et entretenir des relations normales», finit-il par lâcher.
La seule inquiétude pour le prince héritier saoudien, en évoquant le conflit israélo-palestinien, est d’ordre religieux. «Nous avons, dit-il, des inquiétudes religieuses concernant la Grande Mosquée d’El-Qods (Jérusalem dans le texte, ndtr) et le droit des Palestiniens. Nous n’avons d’objection contre quiconque», assume-t-il.
Sur sa lancée, Mohammed Ben Salmane va jusqu’à renier la doctrine religieuse de sa monarchie en déclarant que le wahhabisme «n’existe pas en Arabie Saoudite», un concept qu’il juge «indéfinissable». Ainsi, à la question du journal de savoir s’il est vrai qu’après 1979, «les factions les plus conservatrices en Arabie Saoudite prenaient l’argent du pétrole et l’utilisaient pour exporter une version plus intolérante et extrémiste de l’islam, l’idéologie wahhabite», le prince héritier a eu cette réponse sibylline : «Tout d’abord, ce wahhabisme, veuillez le définir pour nous. Nous ne le connaissons pas.» Et d’insister : «Personne ne peut définir ce wahhabisme.»
Selon lui, il n’y a pas de wahhabisme en Arabie Saoudite, mais «des sunnites et des chiites». «Nous croyons avoir dans l’islam sunnite quatre écoles de pensée, et nous avons les oulémas et le conseil des fatwas. Oui, en Arabie Saoudite, il est clair que nos lois viennent de l’islam et du coran, mais nous avons les quatre écoles : hanbalite, hanafite, chafi’ite et malékite.»
Cette définition vient contredire une déclaration du ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, faite ce lundi même, dans laquelle il appelait les Algériens à faire comme les Saoudiens, lesquels, selon lui, n’acceptent aucun autre dogme religieux que le wahhabisme. «Durant mes voyages en Arabie Saoudite, explique Mohamed Aïssa, je constate que ce pays protège sa doctrine wahhabite et empêche l’introduction de toute autre pensée, dont celle de l’Algérien Malek Bennabi.»
R. M.
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