Situation à Guerguerat : l’ONU humilie publiquement le Maroc
Par Sadek Sahraoui – Tout ce que le Maroc a déclaré au début de la semaine concernant la situation à Guerguerat et les activités du Front Polisario est faux. Ce ne sont pas les responsables sahraouis qui le disent, mais plutôt l’ONU. Dans une déclaration faite à la presse lundi soir, Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, a ainsi formellement démenti les accusations du Maroc selon lesquelles le Front Polisario a déployé des éléments militaires à Guerguerat.
«Nos collègues de la Minurso n’ont observé aucun mouvement d’éléments militaires dans le territoire nord-est. La Minurso continue de suivre la situation de près. Elle n’a enregistré aucune violation de l’accord de cessez-le-feu dans cette zone-tampon», a déclaré Stéphane Dujarric qui répondait à une question sur les accusations du Maroc relatives à de prétendues violations de l’accord de cessez-le-feu par le Front Polisario dans cette zone démilitarisée, sous surveillance des Nations unies.
Le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU a fait savoir que le Maroc a envoyé, dimanche, une lettre au président du Conseil de sécurité dans laquelle il évoque «le maintien de la présence» d’éléments armés du Front Polisario à Guerguerat. Pour les observateurs de la scène maghrébine, le Maroc cherche à travers ces accusations sans fondement à provoquer une crise. Pour eux, il cherche à peser sur le cours des discussions prévues au Conseil de sécurité sur la prorogation du mandat de la Minurso et à discréditer le Front Polisario. Mais la réaction de l’ONU est tout de même un cinglant revers au Maroc qui se voit ainsi humilié publiquement.
Le Maroc est, rappelle-t-on, à l’origine de la crise dans cette zone sensible, située à la frontière avec la Mauritanie, lorsqu’il a voulu imposer, en 2016, la construction d’une route traversant les territoires sous contrôle du Front Polisario. Dans une note confidentielle transmise au Conseil de sécurité en août 2016, le Secrétariat général de l’ONU avait d’ailleurs reconnu «la violation de l’accord militaire numéro un par le Maroc». De peur qu’elles soient démasquées, les autorités marocaines s’opposent, d’ailleurs, encore à l’envoi d’une mission technique onusienne pour examiner la situation sur le terrain et envisager les moyens de résoudre la crise.
S. S.
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