Islam «compatible»
Par Mrizek Sahraoui – Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la question notamment du chômage est secondaire, ne figurant ni dans les revendications syndicales, ni faisant les Unes des médias, encore moins d’attaques venant de l’opposition. Comme si la question ne se pose plus et que la France a retrouvé le plein emploi. Même les chiffres, qui sont régulièrement publiés lors des précédentes mandatures par Pôle-Emploi, ne font plus partie des commentaires syndicaux, des débats médiatiques et parlementaires. Alors que le problème des inactifs a depuis toujours été la préoccupation majeure des Français, et nombre d’élections présidentielles se sont jouées à l’aune des capacités des candidats à apporter des solutions au chômage qui demeure irrésolu, au regard du taux officiel des dernières statistiques.
La France a trouvé ses souffre-douleur vecteurs de son malaise : l’islam et l’immigration ! Désormais, le débat public tourne et se concentre sur la capacité de l’islam à se rendre oui ou non compatible avec les lois de la République, et des musulmans à se fondre dans la communauté nationale. Il n’y a plus d’alternative. Le vivre-ensemble, un discours creux auquel personne, même ceux qui en revendiquent la paternité, ne croit plus, relève de la chimère ; un concept obsolète parce qu’incapable de suivre l’évolution des choses, et inutile tant le schisme entre les tenants d’une France laïque, mais aux valeurs judéo-chrétiennes et les arrivants qui, eux, croient dur comme fer à la légitimité de leur présence ici, est consommé depuis longtemps maintenant.
L’ère du faire semblant de s’accepter, se tolérer et d’être d’accord sur un avenir commun est révolue. Nombre de Français haïssent l’immigré et ce qu’il a apporté, l’islam. Nombre d’immigrés musulmans détestent la France parce qu’ingrate et arrogante, ayant rompu le contrat et foulé aux pieds les promesses.
D’un côté, l’immigré, notamment musulman, est dit responsable de détricoter la maille au travers de laquelle il s’est subrepticement engouffré. Vu d’en face, c’est-à-dire, du point de vue de l’immigré, le Français est de toutes les façons mécontent quoi qu’on lui fasse, y compris épouser son mode de vie, adopter sa tradition culinaire et se renier jusqu’à l’histoire et l’identité. En clair, l’ex colon – cela ne se dit pas encore ouvertement – doit rester le colon avec les attributs dus à son statut, le colonisé doit demeurer dans son état, se soumettant, courbant l’échine, à défaut de totalement s’effacer. Autrement dit, une minorité invisible avec les droits qu’on eut bien voulu lui octroyer.
Des deux côtés sont nées des demandes contradictoires, les unes opposées aux autres, une incompatibilité accentuée par des éléments exogènes, venus complexifier une situation déjà bien difficile. Le conflit israélo-palestinien, la guerre d’Irak, de Syrie, le chaos libyen et la présence militaire française au Sahel, que d’aucuns voient comme une recolonisation savamment déguisée en lutte anti-djihadiste, ont un lourd impact sur la vie politique nationale.
Et le combat, à la base mené de façon binaire, se mène dorénavant, même dans la rue, entre trois entités, un triptyque qui se dispute jusqu’à l’existence ou à l’éradication de l’autre : le Français s’estimant victime de racisme anti-blanc, le Français d’origine juive d’antisémitisme et le Français musulman d’islamophobie.
En témoigne les commentaires accusateurs ayant accompagné la mort et les scènes de violences verbales – et pas que – ayant émaillé les obsèques de Mireille Knoll, cette octogénaire juive assassinée à Paris le 23 mars dernier.
Ce jour-là, à la demande du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), des Français, chefs de partis et députés de la nation de surcroît, sont interdits dans le cortège pompeusement appelé républicain. Sur les plateaux de télévision, des philosophes intellectuellement malhonnêtes ont surfé sur un acte odieux pour semer la confusion et l’amalgame, réclamant orbi et orbi la tête de l’islam radical, en réalité de l’islam tout court dont les représentants, au milieu de la procession, ont condamné un acte abject.
La France se meurt, non pas de sa diversité sociale, culturelle et cultuelle, et de tous les apports en richesses que des générations d’étrangers y ont apportés, mais de sa jalousie d’avoir été choisie comme seconde patrie par ceux qu’elle n’a pas invités à venir. Comme si elle aussi fut invitée (…) et à y rester aussi longtemps.
M. S.
Comment (16)