Assassinat des moines de Tibhirine : François Gèze ressort sa vieille rengaine
Par R. Mahmoudi – Emboîtant le pas à son compère Patrick Beaudoin, l’éditeur français et ancien animateur de la campagne anti-algérienne : «Qui tue qui ?» s’est fendu dans le site Mediapart d’un commentaire, tout aussi saugrenu sur les résultats des «expertises scientifiques» des crânes de moines assassinés, révélés par la presse le 29 mars dernier.
Pour lui, le faible intérêt des médias dominants pour cette information, «capitale» à ses yeux, est le résultat de «la désinformation orchestrée par le DRS». Et pas seulement. Selon lui, il y a d’abord «la finesse et la puissance de l’entreprise de désinformation conduite par les services d’action psychologique du DRS sur les exactions», mais aussi «les manipulations de la violence islamique orchestrées par les autres branches de la police politique (DCE et DCSA)».
L’auteur s’indigne du fait que seuls deux quotidiens parisiens en aient rendu compte «positivement» : La Croix et Le Monde, encore qu’il juge leurs comptes rendus insuffisants. Il s’attaque à tous ceux qui, dans la presse algérienne ou internationale, ont vu dans les fameuses expertises la preuve que l’armée algérienne est au-dessus de tout soupçon, au motif que l’absence de traces de balles sur les crânes bat en brèche la version d’une éventuelle bavure de l’ANP lors d’une opération menée depuis un hélicoptère.
Citant dans sa revue de presse Algeriepatriotique, François Gèze s’agrippe sur ce contre-argument réducteur pour tenter de discréditer l’antithèse et de recentrer le débat sur l’autre révélation concernant la décapitation «post mortem». Comme si la validation d’une datation décalée était la preuve d’une manipulation flagrante de l’armée algérienne. «Si les moines, écrit Gèze, ont été tués plus de trois semaines avant le 21 mai, date avancée par le fameux communiqué n 44 du GIA du 23 mai 1996, signé de l’“émir Abou Abderrahmane Amin” (pseudo de Djamel Zitouni), c’est que ce communiqué est un faux. Ou plus précisément une “forgerie” des services du DRS qui manipulaient à l’époque les “groupes islamiques de l’armée », comme la rue algérienne, bien plus lucide que les journalistes occidentaux, qualifiait alors les “GIA”».
Visiblement frustré par les résultats de l’expertise, François Gèze, fidèle à ses anciens brûlots contre l’armée algérienne depuis les années 1990, essaie de rediriger l’opinion vers ceux qui, dans leur scénario préconçu, accusaient les services secrets de l’armée algérienne d’avoir organisé l’enlèvement, puis l’assassinat des moines, «en réaction à un grave cafouillage au plus haut niveau de l’Etat français», rappelle-t-il. Pour lui, seuls le père Armand Veilleux (ancien procureur général de l’ordre des trappistes) et le journaliste Jean-Baptiste Rivoire ont «sérieusement» enquêté sur cette affaire.
François Gèze reprend encore ici de vieilles rengaines ressassées dans le documentaire de Jean-Baptiste Rivoire, s’appuyant, entres autres, sur des témoignages ubuesques comme ceux d’un Karim Moulaï, ancien félon et blogueur proche du FIS. Il considère que les informations contenues dans ce documentaire sont aujourd’hui largement confortées par les résultats de l’étude scientifique des crânes, mais sans en donner, comme d’habitude, aucun indice probant.
R. M.
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