La guerre des dogmes en Algérie et l’extension du clash entre Riyad et Doha
Par Karim B. – La cacophonie qui défraie la chronique actuellement et dont les acteurs sont les prédicateurs de différentes obédiences est le prolongement direct du conflit qui oppose l’Arabie Saoudite au Qatar, dans le Golfe persique. La levée de boucliers des chefs de file des différents courants islamistes extrémistes qui ont envahi l’Algérie depuis le milieu des années 1980, avec l’aide des Etats-Unis, connaît une décantation qui confirme la dangerosité de ces sectes sur la sécurité et l’unité du pays.
Des «cheikhs» sont montés au créneau ces derniers mois pour tenter d’imposer leur vision étriquée et politisée de l’islam, sous l’impulsion de leurs soutiens étrangers dont ils servent le dogme mais sans jamais avouer ouvertement leur relation d’exécutants à ordonnateurs. C’est sous cet angle qu’il faudra analyser la confrontation entre ces sensibilités intruses représentées par des imams et des partis islamistes dont certains siègent même au Parlement.
Le changement radical que le régime wahhabite des Al-Saoud est en train d’opérer a complètement déboussolé les salafistes algériens, ne sachant pas comment réagir par rapport à cette évolution dans la politique saoudienne qui s’éloigne petit à petit de l’islam rigoriste, jugé «inadapté» à la conjoncture internationale actuelle.
C’est le prince héritier Mohamed Ben Salmane qui l’admet et qui l’applique. Il vient de retirer toute pensée des Frères musulmans des manuels scolaires saoudiens et de rencontrer le lobby sioniste et les puissants producteurs cinématographiques d’Hollywood lors de son récent périple aux Etats-Unis. Le premier cinéma ouvrira ses portes en Arabie Saoudite bientôt, alors que les adeptes du wahhabisme en Algérie ont déclaré la guerre à toute activité culturelle et artistique décrétée haram (illicite).
Face aux partisans du wahhabisme, les islamistes affidés à la secte égyptienne des Frères musulmans, aujourd’hui dirigée par le parti turc AKP d’Erdogan, continuent d’adopter la stratégie sournoise des fidèles suivistes de Sayed Qotb, qui consiste à ronger la société de l’intérieur, sans violence, mais en propageant les idées extrémistes à travers l’école, la mosquée, les médias et la politique à partir desquels ils marquent leur forte présence et assurent leur pérennité jusqu’à accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat.
Ces deux protagonistes, qui ont fait de l’islam leur cheval de bataille pour atteindre le pouvoir, se retrouvent dans la position du soldat de la Légion étrangère astreint à des obligations envers ses chefs hiérarchiques. Les uns s’alignant sur l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, les autres sur le Qatar et la Turquie. Il faudra, dès lors, chercher l’explication à tout changement qui apparaîtra dans le comportement des islamistes algériens dans l’évolution de la situation dans le Golfe.
K. B.
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