L’imam Chemseddine appelle à l’interdiction de la pensée wahhabite en Algérie
Par R. Mahmoudi – Relayant le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, l’imam et prédicateur attitré de la chaîne de télévision Ennahar TV, Chemseddine Bouroubi, appelé affectueusement par les Algériens «Chemsou», et connu pour son franc-parler, s’en est pris violemment au prédicateur salafiste Mohamed Ali Ferkous, qui, dans une fatwa diffusée sur son site personnel, avait excommunié les soufis, les kharijite, les chiites et les Ikhwan. D’après lui, seuls les partisans de la salafiya sont dignes d’être désignés comme des adeptes de la Sunna. L’imam Chemsou l’accuse notamment d’être un «agent d’un pays étranger».
Lors de son émission hebdomadaire, l’imam a, d’entrée, réclamé l’élaboration d’une loi «interdisant la pensée wahhabite en Algérie» et «criminalisant toute appartenance à cette idéologie», en appelant à s’inspirer des Etats-Unis qui, «à tort ou à raison, ont déterminé qui sont leurs ennemis», explique le pétillant imam. Il demande aussi l’interdiction de tout ouvrage faisant la promotion de la pensée takfiriste ou du prosélytisme sectaire.
Il accuse Ferkous d’être «vulgairement» manipulé par la secte madkhaliste, basée en Arabie Saoudite. «La tête de la fitna en Algérie, lance-t-il, a publié un communiqué par lequel il excommunie tout le monde de ahl essuna. Il veut y rester tout seul. Qu’il reste seul ! Dieu merci, nous avons notre tradition de la Sunna, nous avons des milliers d’oulémas sunnites algériens».
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Chemsou accuse Ferkous et ses partisans madkhalistes de vouloir faire sortir les gens de l’islam, «faisant le contraire de ce que dicte notre religion» et, suprême sacrilège, de combattre le patriotisme algérien.
Le 26 mars dernier, le ministre Mohamed Aïssa avait, en réaction à la fatwa du salafiste Ferkous, affirmé que «les lois de la Républiques seront appliquées sur ceux qui dévient du courant religieux national et véhiculent des idées étrangères et, surtout, dangereuses pour l’unité nationale». «Nous n’allons pas fermer les yeux sur ces pratiques religieuses dangereuses, surtout celles qui tentent de semer les germes de la division dans la société» au nom de l’appartenance à tel ou tel courant de l’islam.
Mohamed Aïssa avait précisé que cette fatwa du prédicateur salafiste était identique au discours ambiant des extrémistes religieux au début des années 1990.
R. M.
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