De la boutade de Hollande au dérapage de Driencourt : Alger perd son calme
Par Karim B. – La vive réaction du ministère des Affaires étrangères aux propos jugés offensants de l’ambassadeur de France prélude-t-elle une crise diplomatique entre Alger et Paris ? Les relations extrêmement sensibles qui lient les deux capitales sont souvent traversées par des périodes de froid en raison, à chaque fois, de déclarations mal à propos de hauts responsables français.
On se souvient, en effet, de la blague de mauvais goût de l’ancien président François Hollande qui exprimait sa joie de voir son ministre de l’Intérieur rentrer «sain et sauf» d’un voyage en Algérie. Une boutade qui avait été très mal perçue aussi bien par les autorités que par l’ensemble des Algériens qui y avaient vu une insulte, car présentés implicitement comme des «terroristes».
Quelque temps plus tard, ce sera au tour du Premier ministre Manuel Valls de provoquer l’ire d’Alger, lorsque celui-ci a cru bon de publier sur les réseaux sociaux la photo du président Bouteflika le recevant. Le chef de l’Etat apparaissait en très mauvaise forme et la présidence de la République avait estimé que cette démarche de l’hôte français était incongrue.
La récente visite d’Emmanuel Macron a, elle aussi, été émaillée d’incidents, le locataire de l’Elysée ayant fait preuve d’arrogance et ayant tenu des propos jugés colonialistes et peu révérencieux envers des journalistes et des citoyens algériens lors de sa conférence de presse et de sa virée dans les rues d’Alger.
La dernière déclaration de Xavier Driencourt semble être la goutte qui a fait déborder le vase. Les écarts des responsables politiques français se multiplient et les autorités algériennes paraissent agacées par ce ton paternaliste et ce comportement altier adopté à l’égard de l’ancienne colonie française. Ces fâcheux dérapages viennent se greffer à des campagnes récurrentes et mensongères contre l’armée algérienne qui subit depuis l’irruption du terrorisme en Algérie des attaques acharnées d’ONG, d’hommes politiques d’obédiences diverses et de médias avec le tacite consentement de la classe dirigeante française. L’affaire de Tibhirine en est l’exemple le plus édifiant.
L’ambassade de France n’a pas réagi à la mise au point du ministère des Affaires étrangères. On ne sait pas, cependant, si le Quai d’Orsay interviendra après cet «accrochage» entre Xavier Driencourt et Abdelaziz Benali Cherif. Mais on sait, néanmoins, que cette nouvelle brouille sera transcendée, car les deux pays sont condamnés à faire face aux nombreux dangers qui menacent la région. Abdelkader Messahel l’a rappelé dans son discours, ce lundi, à l’ouverture des travaux sur le financement du terrorisme en Afrique. «L’Algérie, qui a combattu le terrorisme dans les années quatre-vingt-dix et qui continue toujours à faire face à ses résidus, est convaincue que la sécurité est indivisible et que l’élimination de la menace terroriste en Afrique et dans le monde nécessite la conjugaison des efforts, le partage des expériences et le renforcement de la coopération régionale et internationale», a-t-il souligné, à juste titre.
K. B.
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