Effronterie marocaine
Par Sadek Sahraoui – Pour le moment, personne ne prend vraiment au sérieux la menace de Mohammed VI d’attaquer les troupes du Front Polisario stationnées dans les territoires sahraouis libérés. Tout le monde sait qu’à travers ses gesticulations ridicules, le Makhzen ne cherche rien d’autre qu’à influer sur la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, qui doit se pencher à nouveau sur le dossier du conflit du Sahara Occidental vers la fin de ce mois d’avril et adopter donc une nouvelle résolution.
Le Maroc reproduit d’ailleurs le même cirque tous les mois d’avril, chaque année, et cela depuis pratiquement le cessez-le-feu. Usé, le scénario est connu de tous. Même les médias occidentaux, qui ont pris l’habitude de donner systématiquement du crédit à toutes les lubies du Makhzen, ont beaucoup ri à l’annonce du projet du Maroc de reprendre la guerre avec les Sahraouis.
Il faut reconnaitre toutefois Rabat fait cette fois plus de bruit que d’habitude. La raison tient au fait que le rapport posé sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU par Antonio Guterres lui est très défavorable. Les Marocains s’emploient donc à faire en sorte que le Conseil de sécurité ne prenne pas en ligne de compte ses recommandations.
Mais pour autant, il n’est pas tout à fait impossible de voir Mohammed VI ordonner cette fois à son armée d’attaquer des positions du Front Polisario. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne le fera pas avec l’intention de déloger les combattants du Polisario des territoires libérés. Il n’en a d’ailleurs pas le droit. Les résolutions de l’ONU sont d’ailleurs très claires sur la question. Le roi du Maroc peut avoir à l’idée de déclencher une nouvelle guerre des sables, surtout pour détourner le regard de son publique interne sur la grave crise socioéconomique que vit actuellement le Maroc. Un marasme qui se traduit d’ailleurs par des soulèvements sociaux de grande ampleur dans plusieurs régions du royaume. Des régions dont tout le monde sait qu’elles se soulèvent en raison de la pauvreté extrême et du chômage.
Le Makhzen a peur que toute cette colère balaie un jour prochain le trône et ses intérêts. Pour éviter un tel scénario, il pense renforcer son «front interne» en tirant quelques missiles dans le désert du Sahara Occidental. Mais en optant pour une solution aussi cynique, il prend aussi le risque d’ouvrir un nouveau front. Un front qui risque de lui coûter très cher. Le Maroc est pour ainsi dire pris à la gorge. Il se sait pris à la gorge.
S. S.
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