Les trois plaisantins
Par Mrizek Sahraoui – Ils se sont retrouvés, tous les trois, à Paris, tour à tour, reçus par le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, dont les portes de (son palais) l’Elysée leur sont de toute évidence grandes ouvertes, de jour comme de nuit.
Cette rencontre informelle parisienne des trois dirigeants arabes, le Premier ministre libanais, Saâd Hariri, vaquant à ses occupations de businessman ; le roi du Maroc, Mohammed VI, en quasi-abdication et présent en France pour des soins depuis plusieurs semaines, et le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, en visite officielle, intervient dans un contexte empli d’incertitudes, où le risque d’une guerre au Moyen-Orient aux conséquences inimaginables se dessine et est plus que jamais du domaine du plus que probable. Au moment aussi où un déluge de feu pourrait s’abattre sur la Syrie dans les heures qui suivent.
Pendant ce temps, eux, tout sourire, presque puérils, au lieu de s’employer à prendre des initiatives diplomatiques tous azimuts visant à amorcer une désescalade dans la guerre en Syrie et ainsi venir en aide aux «frères syriens», s’amusent, postant une photo d’eux qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux qui s’en sont délectés dans certains cas, à juste titre indignés dans d’autres, un rien moqueurs dans tous les cas.
En des circonstances identiques, étant directement concerné par de tels événements, tout chef d’Etat responsable, soucieux de la sécurité nationale de son pays, somme toute digne d’être le chef suprême, aurait écourté son séjour et serait rentré en urgence. Donald Trump n’a-t-il pas annulé son voyage prévu de longue date au Pérou, préférant se concentrer sur l’actualité brûlante. Mais il s’agit là d’un comportement différent, propre aux présidents issus de souveraineté populaire.
Voilà où en sont certains chefs arabes. Tandis que leurs peuples souffrent le martyre, ils se la coulent douce et mènent une vie de château – au sens propre –, loin des tintouins de leurs compatriotes.
Tenez, prenons l’exemple du roi du Maroc qui a quasiment déserté le royaume, le laissant en proie à la misère socioéconomique et culturelle de ses sujets, de plus en plus réfractaires à la monarchie qui les a abandonnés. Parti se soigner en France, le souverain, infatué, donne des nouvelles à son peuple via les réseaux sociaux, preuve, s’il en est, d’un mépris, pour le moins choquant, à l’égard des Marocains, davantage enclins à solliciter d’autres nationalités, la leur étant confisquée.
M. S.
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