Des citoyens arrêtent le tournage d’un film à cause d’un drapeau français !
Par R. Mahmoudi – Des dizaines de citoyens ont arrêté à Aïn Témouchent le tournage du film Héliopolis de Djafar Kassem, à cause d’un drapeau français hissé sur le fronton d’un immeuble, rapporte la chaîne de télévision Ennahar TV. Financé par l’Etat, le film raconte les massacres du 8 mai 1945 commis par les forces coloniales françaises contre les Algériens qui étaient sortis célébrer dans la rue la fin de la Seconde Guerre mondiale, et rappeler en même temps à l’occupant sa promesse d’accorder aux Algériens leur indépendance.
Face à la pugnacité des citoyens qui se sont rassemblés devant le plateau, le réalisateur a été contraint d’arrêter momentanément le tournage du film. Les contestataires étaient tellement déterminés à empêcher la présence de l’emblème tricolore français qu’ils ont menacé l’équipe de tournage, d’après la même source, d’utiliser «la force» si l’équipe de tournage s’obstinait à hisser ce drapeau.
Pour eux, la seule implantation d’un drapeau français sur le sol algérien, même dans un film de fiction, est «moralement inacceptable». Un moudjahid interrogé par Ennahar TV sur place n’a pu cacher son indignation en déclarant qu’«il faudrait encore des guerres et des guerres pour que le drapeau français puisse encore être hissé» – au-dessus d’une institution officielle. Ce serait, pour lui, «une humiliation» de le faire, alors que l’Algérie est libre et indépendante.
Pour le réalisateur, dont le film accuse déjà un grand retard, il faudrait trouver une solution urgente pour contourner cet obstacle totalement imprévisible, car là où il aura à tourner la même scène, il y a risque que des citoyens viennent protester également. A moins qu’il le fasse dans une zone inhabitée ou un studio construit spécialement pour les besoins du film. Une chose qui parait loin d’être toute évidente avec l’amenuisement des budgets alloués aux projets culturels depuis l’application de la politique d’austérité.
R. M.
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