Rêve israélo-saoudien
Par Sadek Sahraoui – Les lampions du 29e Sommet de la Ligue arabe dont les travaux ont été accueillis cette année par la ville de Dhahran, en Arabie Saoudite, viennent de s’éteindre avec une certitude. Les Saoudiens sont plus que jamais décidés à monter le monde arabe contre l’Iran, un pays qu’ils n’imaginent pas autrement qu’en ruines. Question de leadership et d’intérêts géopolitiques divergents.
La rivalité sunnites-chiites, au fond très récente mais savamment entretenue, n’est là que pour servir d’alibi religieux à une guerre impérialiste. Il faut savoir, en effet, que les deux blocs ne se sont pas toujours fait la guerre. Au début du siècle dernier, leurs relations étaient d’ailleurs au beau fixe. A ce propos, le prince héritier Mohamed Ben Salmane n’a-t-il pas reconnu récemment que le wahhabisme dans sa forme actuelle était un produit de laboratoire juste destiné à freiner l’avancée du communisme dans le monde arabe et à contrer les prétentions de l’Iran dans la région ?
Le roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud est tellement obsédé par Téhéran qu’il a consacré la moitié de son discours d’ouverture du Sommet arabe de Dhahran à la «menace iranienne». Une menace qu’il s’est promis de balayer durablement. Pour parvenir à réaliser ce sombre dessein qui risque de mettre le feu aux poudres au Proche-Orient, il apparaît même disposé à s’allier avec le diable. Et, ici, le diable a pour nom Israël.
L’Etat hébreux nourrit à l’égard des Iraniens la même haine viscérale. Sinon davantage. Les Al-Saoud le savent. C’est pourquoi ils ne s’encombrent d’aucun scrupule pour brader la cause palestinienne pour faire bloc avec Israël dans cette confrontation annoncée avec l’Iran. Seuls, les Saoudiens savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance face aux Pasdarans.
Pour tout dire, ce Sommet arabe de Dhahran confirme que le plan de destruction de l’Iran est déjà sur la table et que son maître d’œuvre n’attend que le feu vert pour le mettre à exécution. Mais, contrairement à ce qu’avancent les Saoudiens et les Israéliens, ce projet belliciste ne s’explique pas uniquement par le fait que les Iraniens constituent une menace existentielle pour eux ; non, ça va beaucoup plus loin. La neutralisation de l’Iran leur permettra surtout de créer ce vaste marché économique israélo-arabe dans lequel ils seraient les principaux acteurs. Un marché dont avaient rêvé les fondateurs de l’Etat hébreux, qui stopperait autant l’avancée de la Russie dans la région que celle de la Chine et qui leur permettrait de gagner des centaines de milliards de dollars.
Comme pour la Syrie, l’argent sera aussi l’un des principaux moteurs de la guerre meurtrière annoncée.
S. S.
Comment (6)