Contribution d’Al-Hanif – Les réseaux sociaux : une arme de subversion
Par Al-Hanif – Pourquoi leur utilisation serait-elle gratuite ? pourrait questionner un faux naïf. Facebook, Google et Twitter, pour ne citer que les plus hégémoniques, permettent d’envoyer gratuitement par messagerie instantanée des milliards, voire des trillons, de caractères et d’images.
Médias de masse, valorisés à hauteur de milliards de dollars, ils ont imposé un modèle économique qui ne fait que reprendre les bases de la démarche publicitaire : convertir de manière clandestine les utilisateurs en banques de données. La deuxième étape étant d’exercer une influence par un matraquage incessant sur la pensée à l’aide d’algorithmes de plus en plus pointus. Et à recueillir des renseignements sur l’internaute, ses centres d’intérêt et son pays.
Les révolutions colorées se sont appuyées sur ces outils comme rampe de lancement de campagnes de subversion, dans une expérimentation qui a capitalisé sur la frustration des classes moyennes éduquées et que l’on a vu se répéter de Kiev, à Istanbul, en passant par Le Caire, Tunis et Alger. La persistance à lancer des mots d’ordre pour manifester dans les places des grandes capitales est également un classique qui s’est répété de Maydan, en Ukraine, à place El-Tahrir, au Caire, pour obtenir l’effet loupe désiré.
Chez nous, l’intention affichée de manifester Sahat El-Chouhada entre dans la même stratégie de subversion. Piège éventé par des forces de sécurité bien préparées et averties des faux semblants !
Le Big Data, censé accroître les frontières de la démocratie participative, cache des desseins plus sournois. Dans les campagnes électorales, comme l’a démontré la dernière élection américaine, les réseaux sociaux, loin de rendre leur âme à la politique, ont surtout servi d’outils de ciblage de l’électeur, proie électronique à traquer et à influencer. Plus subtilement que ne le faisait la réclame d’antan.
Partout dans le monde, ils vendent la vision d’un monde libéral à la liberté sans entraves, en cachant qu’ils sont un danger pour une vie privée qui se rétrécit.
Collecte et analyse des données livrent des informations personnelles pour les livrer aux entreprises et aux Etats. Un monde véritablement orwellien émerge où chaque mot écrit, chaque parole prononcée ou chaque photo échangée deviennent des mines d’informations à exploiter.
Chaque parcours de navigation rattaché à votre IP permet, à travers votre historique, de vous transformer en prospect assailli par des tonnes d’offres publicitaires, ou sujet à surveiller. Petit Poucet involontaire, chacun d’entre nous nous sème des cailloux assez nombreux pour l’ensevelir.
Cet aspect étant assez connu, j’en reviens au sujet de départ : l’utilisation des réseaux sociaux comme panoplie de la cyberguerre, menée contre les Etats par des institutions étatiques ou des internautes plus ou moins isolés. La prolifération de sites ciblant l’Algérie, son économie, ses dirigeants relève de tout, sauf du hasard. La «e-reputation» est devenue une arme moderne et elle concerne aussi bien les personnes que les Etats.
Dans un pays où l’on nous vante le génie de nos ingénieurs en informatique, de nos communicants, rares sont nos lanceurs d’alerte qui éveillent à cette subversion par le canal des réseaux sociaux, et nous avons l’impression de nous époumoner en pure perte.
Algeriepatriotique nous permet de nous compter au sein d’une blogosphère militante et engagée, dans des exercices qui échappent, nous l’espérons, à la mode du blogging qui ne livre que des instantanés de vie et vise une promotion personnelle ou mercantile.
A l’heure où l’on prône, à travers les réseaux sociaux, un statut de «citoyen du monde», nous ne voulons que repousser la déstabilisation, la circonscrire mais cela serait mal nous lire que de croire que nous tenons au statu quo par faute de désirs ou en affidés d’une quelconque rente.
Pour entrer à armes égales dans l’âge digital, et rêver de connexion par gigabits, nous devons d’abord engager un chantier dans le domaine de la santé et de l’éducation et réfléchir à quoi mettre dans les tuyaux une fois que la technologie de pointe permettra de transmettre le Big Data à la vitesse de la foudre.
A.-H.
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