Contribution d’Al-Hanif – Un caméléon nommé Daniel Cohn-Bendit
Par Al-Hanif – Le mythe de Danny le rouge, métamorphosé en Danny le vert libertaire et atlantiste de choc, fait de la respiration artificielle au faux spectre de mai 68 pour cacher l’essentiel.
Les leaders médiatiques d’un mouvement présenté comme révolutionnaire se retrouvent, des décennies plus tard, nouveaux notables et à la tête d’une nouvelle doctrine du «politiquement correct», dans «le Camp de ce Bien» qui entend mettre bas tous les régimes attachés à un projet collectif, ou à l’idée de l’Etat-nation.
Ces soixante-huitards, quand ils en restent, ont essaimé ; bien installés au cœur de l’Etat-spectacle dans lequel le show-biz, selon les propos de Régis Debray, «s’est intégré dans l’officialité par sa capacité à produire de l’immersion en masse et en direct».
Il relèvera que trois présidents de rang viendront dire adieu à Johnny, figure iconique d’une société atomisée, américanisée, dans laquelle, sous les projecteurs de la République, des faux Hells Angels feront leur show sur les Champs-Elysées, escortés par la Garde républicaine.
Tout ça pour ça !
Dans son dernier opus «bilan de faillite», le médiologue Régis Debray, qui avait failli mourir aux côtés de Che Guevara en Bolivie, acte la défaite de l’intellectuel de gauche et se rit de lui-même (comme nous le faisons tous) de la prétention à influer sur le cours des événements par la vigilance critique.
Dans ce livre testament, il recommande à son fils de seize ans de tenir compte de l’expérience d’un père qui a l’âge d’être son grand-père, et qui n’avait pas pu changer d’un iota l’état des choses.
En cela, il prenait acte du rapport de forces, déterminé à faire surgir le primat de l’individu pour mettre à bas non seulement les totalitarismes marxisants, mais également tous les projets collectifs de sociétés qui s’opposaient par leur résilience à la dérégulation planétaire.
Percutés par la modernité, nous devons, certes, nous réinventer pour ne pas nous mettre en posture de subir, et devenir cervelles capturées par des récits qui n’ont comme but que de nous faire croire à un imaginaire commun. Et à un avenir dessiné pour nous !
Celui de mai 68, démarré dans les campus américains et gagnant en apothéose à Paris, a si peu à voir avec celui d’un peuple qui se réveillait d’une longue nuit coloniale.
Le philosophe Michel Clousard tentera sans succès d’ouvrir les yeux de ses compatriotes sur cette manipulation dont le but ultime était de préparer la libéralisation de l’économie et à se débarrasser du général De Gaulle, trop attaché à l’indépendance de son pays et à l’équilibre de sa politique diplomatique au Moyen-Orient.
Ses propos fustigeant en 1967 «un peuple sûr de lui et dominateur» ne lui seront jamais pardonnés, et au sein de sa famille politique, et de la fausse alternative, la relève et les changements de cap idéologique et générationnel étaient déjà préparés. Ils auront pour nom Sarkozy l’atlantiste, Hollande le «faucon» et Macron.
Michel Clousard relevait que le pouvoir était d’une habilité machiavélique dès lors qu’il s’agissait d’organiser le spectacle et de braquer les projecteurs sur les étudiants, plutôt que sur les ouvriers.
Bis répetita placent ! Des énergumènes opportunément surgis au cœur d’une marche populaire de protestation volent de nouveau la vedette. Nous sommes en mai 2018.
Il ne tient qu’à nous de ne pas acheter ce spectacle.
A.-H.
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