Nouvelles accusations de Rabat contre l’Algérie : à quoi joue le Makhzen ?
Par R. Mahmoudi – Réagissant à la convocation par Alger de l’ambassadeur du royaume du Maroc, suite aux graves accusations portées, la veille, contre l’Algérie, le ministère marocain des Affaires étrangères fait dans la surenchère et cherche à pousser la provocation à son paroxysme.
Ainsi, dans un communiqué diffusé mercredi par l’agence officielle MAP, le ministère marocain accuse directement l’Algérie de liens, pas seulement avec le Polisario, mais aussi avec le Hezbollah et l’Iran. Plus grave encore, l’Algérie est accusée de complicité dans une action «contre la sécurité nationale» du royaume du Maroc. Indirectement, l’Algérie est montrée du doigt comme un pays potentiellement dangereux dès lors qu’il est allié d’un pays, l’Iran, mis sur le ban des accusés par les puissances occidentales, et désigné par l’Arabie Saoudite comme la première menace pour la sécurité et la stabilité de la région arabe.
Dans un style fielleux, le communiqué indique que le Maroc «comprend l’embarras de l’Algérie, son besoin d’exprimer sa solidarité avec ses alliés du Hezbollah, de l’Iran et du Polisario et sa tentative de nier son rôle occulte dans cette action contre la sécurité nationale du royaume». Sur sa décision de rompre les relations diplomatiques avec Téhéran, le MAE marocain revient à la charge, en pérorant que le royaume du Maroc «dispose de données précises, de preuves tangibles, concernant le soutien politique, médiatique et militaire du Hezbollah au Polisario, en connivence avec l’Iran». Pourquoi avoir choisi ce moment pour réagir ? Le communiqué explique que les autorités marocaines «ont pris le temps nécessaire pour étudier minutieusement l’ensemble de ces éléments avant de prendre, en toute responsabilité, leur décision».
Evoquant le rôle de l’Algérie dans cette affaire, le MAE marocain reprend de vieilles rengaines, reformulées récemment par le chef de la diplomatie, Nasser Bourita : «Le Maroc n’a pas besoin d’insinuer l’implication de ce pays, ni de le « mettre en cause indirectement ». Il est de notoriété publique que l’Algérie, depuis 1975, abrite, arme, finance, entraîne et se mobilise diplomatiquement pour les séparatistes du Polisario.»
Après toutes ces attaques en dessous de la ceinture, où la mauvaise foi le dispute à la vindicte, le MAE marocain ne trouve pas incohérent, ni indécent de se dire encore «attaché à la préservation des liens forts avec le peuple algérien frère» et soucieux d’œuvrer pour «voir évoluer les relations bilatérales sur la base du bon voisinage et du respect mutuel».
R. M.
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