Drogue : le Maroc perd la guerre face à l’Algérie et «envahit» la Mauritanie
Par R. Mahmoudi – La surveillance accrue des frontières et le durcissement des dispositifs de sécurité en Algérie, comme le montre le nombre de narcotrafiquants arrêtés chaque semaine, semblent avoir obligé les réseaux de trafic de drogue provenant du Maroc à emprunter d’autres itinéraires pour faire transiter leurs «marchandises» vers l’Afrique et l’Europe, notamment par la Mauritanie.
C’est ce que démontre la saisie, ces derniers jours à Nouadhibou, la capitale économique mauritanienne, de grandes quantités de drogue, estimées à 369,6 kilogrammes de cannabis, sur un camion chargé de légumes venant du Maroc. Selon l’agence indépendante Al-Akhbar, ce convoi chargé de cannabis était en route vers le Niger.
Un rapport de l’Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue a confirmé dans un rapport que le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis. Selon ce rapport, la superficie consacrée à la culture de cannabis au Maroc est estimée à plus de 57 000 hectares. Ce qui place le royaume du Maroc, aux côtés de l’Afghanistan, comme le plus grand exportateur de cannabis dans le monde, destiné notamment vers les marchés de l’Europe de l’Ouest et Centrale à travers les canaux de l’Espagne et du Portugal, et aussi vers les marchés africains.
Protégés et couverts par les plus hautes autorités du royaume, ces réseaux de narcotrafiquants continuent à jouir d’une certaine indulgence dans nombre de pays d’Afrique où le Maroc fait des placements dans certains secteurs économiques, comme les banques, même si, en coulisse, les dirigeants africains s’en plaignent.
En octobre dernier, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, invité du Forum des chefs d’entreprises, avait explicitement accusé les banques marocaines en Afrique de blanchir l’argent de la drogue et la compagnie Royal Air Maroc de transporter «autre chose que des passagers». Il a affirmé que «ce sont des chefs d’Etat africains» qui le lui ont dit.
Cette déclaration a suscité une vague d’indignation au Maroc, mais ni les médias ni les dirigeants marocains n’ont pu convaincre du contraire.
R. M.
Comment (17)