Le manifeste contre l’antisémitisme est un «appel à la guerre civile»
Par R. Mahmoudi – Les réactions indignées par «le Manifeste contre un nouvel antisémitisme», signé par 300 personnalités françaises, pour stigmatiser généralement les membres de la communauté musulmane en France se suivent et se font de plus en plus tranchées.
Un nouveau contre-manifeste vient de voir le jour. Il est signé par un collectif d’intellectuels dont l’économiste Thomas Piketty, le philosophe Etienne Balibar, l’universitaire Anne Coppel ou l’historienne Arlette Farge. Intitulé : «Non, l’islam radical n’est pas seul responsable des agressions contre les juifs», le texte apporte des contre-arguments, tout en prévenant contre les conséquences de cette stigmatisation qui vise indirectement tous les musulmans et l’exacerbation des tensions sociales en France.
Pour les signataires de ce texte, le «manifeste», parrainé, entre autres par Bernard-Henri Lévy et Manuel Valls, «constitue un appel à la haine et à une guerre civile larvée qui ne dit pas son nom». Par ailleurs, ils s’insurgent contre l’absence de toute référence dans le «manifeste» à l’antisémitisme d’extrême droite «qui monte dans toute l’Europe (pays de l’Est, Allemagne, Autriche) et dont on ne peut ignorer tout autant la présence en France», assènent-ils.
Les membres du collectif expliquent que cette absence de référence aux courants d’extrême droite actifs, y compris juifs, conduit les initiateurs du «manifeste» à ignorer ou à taire «aussi bien les interventions du groupe Génération identitaire contre les immigrés que la présence tolérée, lors de la dernière marche silencieuse, de la Ligue de défense juive (LDJ), qui a tenté de s’instituer en service d’ordre, alors que ce groupe est interdit en Israël même». Conclusion : «Leur prétendu antiracisme, dont fait partie la lutte contre l’antisémitisme, est donc à géométrie variable.»
Sur un ton incisif, les membres du collectif accusent les «chantres de l’antisémitisme français» de mentir sur les chiffres concernant les agressions dont sont victimes les juifs de France. En outre, ils considèrent que le «manifeste contre un nouvel antisémitisme» prend en otage ceux d’entre eux «qui, juifs, se sentent constamment soumis au chantage d’un péril antisémite, hélas, aujourd’hui réel, dès qu’ils se démarquent de la politique d’un Etat qui n’est pas le leur».
Plus audacieux encore, les signataires du contre-manifeste reprochent aux rédacteurs du premier texte de chercher à «imposer la notion de « communauté juive » supposée intégrer tous les juifs de France sous la bannière du Crif».
R. M.
Comment (13)