Pourquoi le Proche-Orient file droit vers une nouvelle guerre
Par Sadek Sahraoui – Le président iranien, Hassan Rohani, a averti que les Etats-Unis seraient confrontés à un «regret historique» si Donald Trump décidait d’abandonner l’accord sur le nucléaire iranien. Les commentaires de M. Rohani interviennent à une semaine de la date arrêtée par le président américain pour se prononcer sur la question. M. Trump a vivement critiqué l’accord, le qualifiant de «fou». Il n’a jamais caché son intention de l’amender, ce qui a suscité l’ire de la communauté internationale. L’accord de 2015 – entre l’Iran, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni – a levé les sanctions infligées à Téhéran en échange de la limitation de son programme nucléaire.
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne tentent actuellement de persuader le président américain de ne pas toucher à l’accord, qui, selon eux, est le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, se rendra à Washington dimanche pour discuter de la question avec les responsables de la Maison-Blanche. L’ONU a également averti M. Trump de ne pas s’éloigner de l’accord. Cependant, il a encore menacé ces derniers jours de se retirer de l’accord le 12 mai prochain.
Dans une intervention ce dimanche sur une chaîne de télévision publique iranienne, le président Rohani a averti que l’Iran avait «un plan pour contrer toute décision que Trump pourrait prendre». L’Iran insiste sur le fait que son programme nucléaire est «entièrement pacifique» et dit qu’il considère que «l’accord n’est pas renégociable».
La semaine dernière, Israël a révélé des «dossiers nucléaires secrets» selon lesquels l’Iran avait dirigé un programme d’armes nucléaires clandestines avant 2003 et avait secrètement conservé le savoir-faire technologique, en violation de l’accord. L’Iran a qualifié le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de menteur et a déclaré que les documents qu’il a produits étaient de vieilles allégations sur lesquelles l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a eu à se pencher.
Le Premier ministre israélien s’est à nouveau attaqué ce dimanche à l’Iran, déclarant qu’il valait mieux affronter Téhéran plus tôt que tard. S’adressant à une réunion des membres de son cabinet, il a accusé l’Iran de fournir «des armes perfectionnées au gouvernement syrien qui constituent un danger pour Israël». Il a ajouté : «Nous sommes déterminés à bloquer l’agression de l’Iran contre nous, même si cela signifie une lutte, mieux vaut maintenant que plus tard.» Autrement dit, le Moyen-Orient file tout droit vert une nouvelle guerre à laquelle l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis ont déjà donné leur quitus.
S. S.
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