Question de survie
Par Mrizek Sahraoui – C’est connu, il n’y a pas de hasard en politique, et c’est d’autant plus vrai quand il s’agit d’enjeu de survie. Toute la ratatouille marocaine de ces derniers jours vient conforter l’idée que le royaume est en train de jouer son va-tout, un pari fou qui l’enfonce davantage dans la gadoue. Et ce n’est pas un simple concours de circonstances. Reprenons.
En copie conforme de la justification des frappes contre la Syrie, menées par trois pays occidentaux – Etats-Unis, Royaume-Uni et la France –, une action inutile, inefficace et, surtout, illégale au regard du droit international, par de prétendues preuves que le monde entier attend encore et toujours, le Premier ministre israélien s’est livré à une démonstration de l’existence de «preuves concluantes» sur la poursuite par l’Iran de son programme nucléaire. Ces accusations «infondées et mensongères», selon la diplomatie iranienne, qui n’ont pas connu un début de preuve là aussi, interviennent à quelques jours de la décision de Donald Trump de rester ou de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien, de juillet 2015. Le lien entre cette sortie théâtrale avec cette échéance est incontestable, Benyamin Netanyahou veut, en effet, influer son allié américain.
Le lendemain, en copié-collé, le ministre marocain des Affaires étrangères annonce la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, accusant au passage l’Algérie d’être le cordon ombilical entre le Hezbollah libanais, proche de l’Iran, et le Front Polisario. La ficelle est trop grosse, là encore, puisqu’aucune preuve n’est venue étayer et donner du crédit aux allégations de Nasser Bourita. Dans les faits, ce sont de simples fanfaronnades qui n’ont pas trouvé le moindre écho dans les médias internationaux qui ont vu dans les gesticulations du Makhzen un simple et honteux alignement du Maroc derrière Israël et les monarchies du Golfe, pour sauver la face vis-à-vis de l’opinion marocaine et arabe en général. Le recours, par un tour de passe-passe diplomatique, aux accusations infondées proférées à l’encontre de l’Iran et l’Algérie est alors vite démasqué.
A cette opération épée dans l’eau vient s’ajouter les conclusions du dernier rapport de l’Union européenne, rendu public le 3 mai dernier et repris par les médias européens, estimant que «l’Algérie demeure un acteur-clé au niveau régional et international pour la sécurité». La Commission européenne note encore : «L’effort continu, y compris sur le plan financier de modernisation des équipements, ainsi que les nombreux effectifs de sécurité dont l’Algérie dispose, ont permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes ; un interlocuteur incontournable dans la résolution des crises en Libye et au Sahel.»
Incapable d’assumer clairement ses positions sur différents événements internationaux, le régime monarchique, pour assurer sa survie, a toujours enfoui la tête dans le sable, une politique de l’autruche qu’il adopte pour cacher (sa) soumission à l’Etat hébreu et les liens indéfectibles qui le lient à l’Arabie Saoudite et aux monarchies du Golfe.
M. S.
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