8 mai 1945 : Macron appelle à passer des paroles aux actes dans la reconnaissance des crimes
Le président de la République française, Emmanuel Macron, a été appelé mardi après-midi, lors d’un rassemblement à Paris, à passer des paroles aux actes dans la reconnaissance des crimes de l’Etat français contre les Algériens le 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. «Avant de devenir président de la République, le 5 février 2017, à l’occasion d’un déplacement en Algérie, Emmanuel Macron a affirmé que la ‘‘colonisation est un crime contre l’humanité’’, et, interrogé par Médiapart, le 5 mai suivant, a répondu : ‘‘Je prendrai des actes forts.’’ En ce 8 mai 2018, il est temps de passer des paroles aux actes», a affirmé le collectif «L’Autre 8 mai 1945, contre l’oubli» dans un appel distribué lors du rassemblement qui a regroupé près d’une centaine de personnes à la place Chatelet.
Pour ce collectif, qui organise depuis 2015 des rassemblements sur les massacres du 8 mai 1945, il est «impossible» de célébrer l’anniversaire de la victoire contre le fascisme «sans vouloir arracher à l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai 1945 et les jours suivants», rappelant que des manifestations pacifiques à Sétif, Guelma, Kherrata et la région ont été réprimées dans le sang, des milliers de civils algériens ont été massacrés par la police, la gendarmerie, des milices armées, par les autorités locales et l’armée française aux ordres de l’Exécutif. «Amputer notre histoire commune par l’occultation de ce crime d’Etat ne permet pas à la France d’en finir avec la page coloniale de son histoire», a souligné le collectif composé d’une cinquantaine d’associations, de six partis politiques et de plusieurs personnalités.
Rappelant encore que si le 19 mars dernier, le président Macron a reconnu que le système colonial en Algérie était «injuste» et «niait les aspirations des peuples à décider d’eux-mêmes», le collectif a estimé qu’il faut que le Président «aille plus loin» en disant la vérité sur les massacres du 8 mai 1945. «Nous demandons l’ouverture de toutes les archives, l’inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l’Etat et un soutien à la diffusion des documentaires relatifs aux évènements dans l’éducation nationale comme dans les médias publics», ont déclaré les animateurs du collectif.
L’un des animateurs du collectif, M’hamed Kaki, a informé les participants qu’il y a eu des rassemblements dans 30 villes de France. «Nous revendiquons que ce crime contre l’humanité soit reconnu pour créer les conditions d’une nouvelle page entre les deux pays», a-t-il dit, ajoutant que les paroles de Macron soient validées par des actes. L’historien Gilles Manceron a relevé, de son côté, que les massacres d’Algériens le 8 mai 1945 sont «mal connus» en France parce qu’ils ont été «totalement» déformés. «Nous avons des difficultés pour expliquer aux Français ce qui s’est passé en Algérie», a-t-il dit, appelant à continuer le combat jusqu’à leur reconnaissance officielle.
La coordinatrice du Parti de gauche (PG), Danielle Simonet, a affirmé, pour sa part, que «le travail de mémoire nécessite un travail de vérité sur les crimes du 8 mai 1945», appelant toutes les communes de France à se saisir de ce débat et d’organiser de «façon officielle» la commémoration. A la fin du rassemblement, une minute de silence a été observée.
R. N.
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