Le Turc Erdogan instrumentalise à nouveau l’histoire de l’Algérie
Par R. Mahmoudi – Dans son quiproquo actuel avec ses alliés traditionnels, le président turc n’a pas trouvé mieux que d’exploiter le nom de l’Algérie pour étayer ses arguments et défendre une position qui n’engage en aucune façon l’Algérie.
Intervenant lors de la cérémonie de remise d’un prix de la paix à Istanbul, le dirigeant néo-ottoman s’en est pris à l’ONU, estimant que cette organisation ne trouvait aucune solution aux problèmes de la planète, et a accusé la France d’avoir commis des «massacres» en Algérie et en Libye. Il a déclaré : «Les Français ont massacré 5 millions de musulmans en Algérie. Ils ont commis également un massacre énorme en Libye. Mais le monde s’est tu. Il en sera de même plus tard, car c’est leur structure, leur caractère», a-t-il indiqué, selon la Radio-télévision de Turquie (TRT).
Ce n’est pas la première fois que Recep Tayyip Erdogan formule des accusations de ce genre contre l’Etat français. En 2011, après l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une loi punissant la négation d’un génocide, notamment celui commis en Arménie, Erdogan, à l’époque Premier ministre, avait accusé la France d’avoir commise «un génocide» en Algérie, suggérant que «15% de la population algérienne ont été massacrés par les Français à partir de 1945».
Cela dit, le maître d’Ankara a évoqué cette vérité historique établie, les crimes de l’armée coloniale française en Algérie, que pour ses besoins de repositionnement politique. Or, sur des questions aussi fondamentales que «le printemps arabe», le soutien aux soulèvements conduits par les Frères musulmans dans nombre de pays de la région ou la crise syrienne, les positions d’Ankara et de Paris ne souffrent aucune divergence de fond. Tout le monde sait que ce sont ces deux pays, avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les monarchies du Golfe, qui ont encadré et financé l’insurrection armée en Syrie depuis 2011. La Turquie était notamment chargée de l’aspect logistique et de l’acheminement des contingents de mercenaires étrangers à travers les frontières syro-turques.
Le différend avec Paris n’est apparu que suite à l’envahissement de l’enclave kurde du nord de la Syrie par l’armée turque, en février dernier. Les Turcs semblent avoir pris cette décision sans en prévenir leur allié français qui considérait le pays kurde comme sa chasse gardée.
R. M.
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