19e Festival européen : Djamel Laroussi galvanise le public algérois
Le chanteur de jazz algérien, Djamel Laroussi, a animé mardi à Alger un concert ouvert sur plusieurs genres de musique, devant un public nombreux, venu apprécier la virtuosité et le génie du guitariste gaucher, dans une ambiance euphorique.
La salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El-Feth (Oref) n’aura pas suffi à contenir le public nombreux, qui a dû occuper les allées réservées aux déplacements des spectateurs, venu assister à une prestation généreusement livrée par le célèbre Djamel Laroussi, dans le cadre du 19e Festival culturel européen, ouvert le 26 avril dernier sous l’intitulé «Les couleurs de l’Europe».
Dans un concert dédié aux martyrs de la Révolution algérienne, ceux tombés le 8 mai 1945, suite au génocide perpétré par le colonialisme français dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata notamment, ainsi qu’aux 257 victimes du crash de l’avion de Boufarik, Djamel Laroussi a rendu hommage aux «victimes du devoir», «d’avant et après l’indépendance» en déclamant le texte Hanni, hanni ya hennana, une poésie patriotique de Yacine Ouabed.
Soutenu par le Roumain Decebal Badila à la basse et les Algériens Nasser Menia à la batterie et Smaïl Benhouhou au piano, le compositeur et interprète de Zina a fait montre de sa grande créativité, à travers l’exécution de Take five, célèbre titre de Dave Brubeck, à la cadence 5/4, entamé dans un rythme ternaire arrangé par l’artiste, avant de revenir à sa version originale.
Tenant à partager la scène avec des voix qui, selon lui, «méritent d’être mises en valeur», Djamel Laroussi a invité la jeune Allemande Stella Louise Goeke, soprano d’opéra classique, polyvalente et ouverte sur les musiques du monde, et le chanteur algérien de tous genres de musique El-Hachemi Lounissi, grand interprète, semeur d’ambiance avec une voix étoffée, à la tessiture large.
Dans la joie et le plaisir des retrouvailles, Djamel Laroussi et ses invités ont étalé Les feuilles mortes, chanson d’Yves Montand, avec une poésie de Jacques Prévert et une musique de Joseph Cosma, Taâli ah ya ghazali (patrimoine), enchaînée à May Way de Frank Sinatra et d’exécuter, en duo de guitare et basse dans une parfaite synchronisation, Donna Lee de Jaco Pastorius, pièce aux exigences aigües, composée par Charlie Parker (The Bird) pour saxophone.
Très vite conquis par le guitariste gaucher, époustouflant de technique et de maîtrise de l’instrument, le public a cédé au déhanchement devant la scène, reprenant les refrains en chœurs et applaudissant longtemps les artistes.
Deux pièces de Cole Porter rendues dans un ton vocal digne du Cotton Club de New York des années 1920 ont encore séduit l’assistance, Night and Day et I love Paris, transformée par Stella Louise Goeke, à la voix suave, en I love Alger, sous les youyous qu’elle a beaucoup appréciés.
Djamel Laroussi et ses invités ont également rendu Tico-Tico no Fub ?, célèbre instrumental brésilien de Zequinha De Areu, Ya bnet essohba du regretté Cheikh El-Hasnaoui, Round Midnight de Charlie Parker, A vava inouva d’Idir et de conclure avec Zina et Etoile filante, deux de ses œuvres, avant d’être rappelé par le public qu’il entraînera une nouvelle fois dans un enchaînement endiablé de standards de jazz, aux douze mesures.
Longtemps applaudi, El-Hachemi Lounissi, au charisme imposant, a séduit l’assistance, avec une voix présente et limpide, dans des interprétations justes à la musicalité pointue.
Pimpant et souriant, Djamel Laroussi et ses invités ont embarqué l’assistance dans un tour du monde onirique, prônant le lien et l’échange entre les cultures, dans une prestation de haute facture, très appréciée par les organisateurs du festival.
Natif d’Alger, Djamel Laroussi a grandi sous l’influence des airs traditionnels, du chaâbi, la variété occidentale et la musique anglo-saxonne.
Parti à Cologne, en Allemagne, il y découvre le jazz et accompagne plusieurs artistes de renoms pour se lancer en 1998 dans une carrière solo et produire depuis, quatre albums, «Sapoutaly» (1998), «Etoile filante» (2003), «Djamel Laroussi live» (2004) et «Trois Marabouts» (2007).
Des projections de films, des spectacles de musique, de danse et autres, d’une vingtaine de pays européens, animent le 19e Festival culturel européen, qui se poursuit jusqu’au 13 mai à Alger, Annaba, Constantine, Tlemcen et Oran.
R. S.