Guerre de libération nationale : un ancien soldat français demande pardon
Par Rabah A. – Un ancien soldat de l’armée française pendant la Guerre de libération nationale, affecté à la SAS d’Ighil Ialouanen, située dans l’ancienne commune mixte d’Amizour, dans l’actuelle wilaya de Béjaïa, s’est rendu cette semaine au village Aït Maouche où il a rencontré ses habitants et leur a demandé publiquement pardon. Un acte qui prouve qu’au-delà de la sphère politico-médiatique française sclérosée la repentance fait son chemin parmi les soldats des contingents, loin des feux des médias. Il est seulement regrettable qu’aucun média algérien n’ait été prévenu pour couvrir cet événement de haute portée symbolique qui a coïncidé avec le 73e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945.
Escorté par la Gendarmerie nationale, l’ancien militaire français s’est recueilli devant la stèle érigée à la gloire des martyrs du village Aït Maouche. Lors de ses discussions avec les gens, il a dit regretter amèrement d’avoir pris part à cette guerre faite aux Algériens. Son geste n’a pas laissé indifférents d’anciens moudjahidine qui étaient présents. Ceux qui l’ont reconnu lui ont fait rappeler des souvenirs de cette période de la guerre. Un d’entre eux lui a évoqué, avec bonhomie et sourire, un violent accrochage avec l’armée française où le militaire français a montré une ardeur exceptionnelle…
A un autre vieux du village, l’ancien soldat a fait rappeler une opération de représailles à laquelle il a lui-même participé. Il raconte que les soldats français sont venus récupérer toutes les machines à coudre qu’il y avait dans le village, au lendemain d’une action menée par les habitants en soutien à la Révolution, et ce en plantant de petits drapeaux autour du village. Le soldat dit en avoir lui-même recueilli beaucoup, et gardé un en souvenir chez lui.
Les anciens combattants algériens semblaient très heureux de cette rencontre et ont accepté avec une sincère joie sa demande de pardon. Un habitant a bien répondu en lui disant : «Vous êtes pardonné, même si ce n’est qu’une personne qui le dit. Malheureusement, le pardon est plus individuel que politique.»
Message aux politiques français de suivre et de méditer cet exemple.
R. A.
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