Un documentaire de la chaîne France 5 déterre le complot de la «Bleuite»
Par R. Mahmoudi – La chaîne de télévision publique France 5 diffusera dimanche 13 mai un documentaire inédit consacré à l’un des épisodes les plus tragiques de la Guerre de libération nationale, à savoir le complot dit de la «Bleuite», fomenté par les services d’action psychologique française à l’effet de déstabiliser les rangs de l’ALN à un moment crucial de la lutte armée contre l’occupant.
Intitulé : «La Bleuite, l’autre guerre d’Algérie», le documentaire de 52 minutes est réalisé par le cinéaste et écrivain Jean-Paul Mari, un natif d’Algérie. Selon une brève présentation du quotidien parisien Le Monde, le documentaire évoquera ces événements avec des témoins encore vivants, dont Rémy Madaoui qui raconte les sévices qu’il dit avoir subis dans les maquis de l’ALN par ses frères d’armes.
Connues sous le nom de la «Bleuite», en rapport avec la tenue portée par les agents infiltrés, ces purges étaient la conséquence d’une vaste campagne d’intoxication menée par le service de l’action psychologique de l’armée française, conduite par le capitaine Alain Léger, qui a mobilisé une armada d’officiers et d’énormes moyens pour ces opérations. Cette stratégie, qui érigea l’intoxication et la torture en système, sera généralisée et pratiquée à grande échelle. Les états-majors français avaient, dès le début de 1957, essayé d’exploiter l’étiolement des relations entre la direction du FLN/ALN, installé en Tunisie avec les maquis de l’intérieur.
L’opération a été tentée dans la Wilaya IV, puis la Wilaya III où les résultats s’avéreront au-delà de toute espérance pour les promoteurs de cette conspiration. Le chef de la Wilaya III («Amirouche le terrible», selon l’expression usitée dans le documentaire de France 5) se distinguera par une fermeté sans faille contre les tentatives de noyautage de la Révolution.
S’il est établi que c’est au niveau de cette Wilaya (la Kabylie) que les dégâts furent les plus importants, le documentaire avance le chiffre peu crédible, voire fantaisiste de 4 000 morts. Or, les témoignages et les ouvrages les plus sérieux estiment le nombre de victimes de la «Bleuïte» entre 350 et 400.
R. M.
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