Trump de la paix ?
Par Mrizek Sahraoui – Les partisans de Donald Trump soutiennent qu’il ferait un lauréat de choix en raison de «son travail inlassable pour apporter la paix dans le monde». Le comble, après les péripéties entourant le mur à la frontière mexicaine, ses propos haineux à l’égard des musulmans, l’abandon de l’Accord de Paris sur le climat, son discours – qui a suscité l’ire des Français – devant la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes et, cerise sur le gâteau, la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien qui met le monde en état d’ébullition.
Seul action à décharge : l’apaisement entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, de lune de fiel à lune de miel, pourrait-on incongrûment résumer les rapports conflictuels entre les deux pays. Des relations qu’avaient, en leur temps, tenté d’apaiser l’ancien président Jimmy Carter et l’ex-secrétaire d’Etat Madeleine Albreight. A maintes reprises, les tensions entre les deux pays ont frôlé le conflit armé aux conséquences incommensurables. Cette fois semble être la bonne pour aller de l’avant, puisque, le 12 juin prochain, le président américain, Donald Trump, devra rencontrer le leader nord-coréen, Kim Jong-un, à Singapour, cité-Etat neutre entretenant des liens amicaux avec les deux Etats et offrant toutes les garanties de sécurité pour la tenue de ce sommet qui se veut historique.
Il y a quelques mois seulement, voire quelques semaines, le monde a assisté à des surenchères et des laïus guerriers venant d’un côté comme de l’autre, Trump menaçant de «détruire totalement» la Corée du Nord, le pays de «Little Rocket-Man» (petit homme fusée), et Kim Jong-un de répliquer : «Je disciplinerai par le feu le gâteux américain mentalement dérangé.»
Puis arrivent les XXIIIes Jeux olympiques d’hiver de 2018 qui se sont déroulés du 9 au 25 février à Pyeongchang, en Corée du Sud, marqués par la participation du voisin du Nord. S’en est suivie une réelle détente entre les deux frères ennemis, faisant envisager l’idée d’une nomination de Donald Trump, de Moon Jae-in (président de la Corée du Sud) et de Kim Jong-un au Prix Nobel de la paix. Rien que ça.
Peut-on raisonnablement donner du crédit à un lendemain et à la pérennité d’un tel rapprochement, les deux chefs d’Etat étant d’imperturbables fous furieux capables du meilleur comme du pire ? Dans tous les cas, la séquence peu glorieuse du retrait de Donald Trump – selon lui «tout le monde pense qu'(il) mérite le prix Nobel de la Paix » –de l’accord sur le nucléaire iranien ne devrait pas plaider en faveur d’une telle suggestion, tant la communauté internationale retient son souffle par peur de la menace désormais ouverte qui plane sur le monde en général.
Comme tout va à l’envers, même le prix Nobel de la paix, une distinction dont la signification n’a plus grand-chose à voir avec l’objectif initial de son fondateur, Alfred Nobel, pourrait être décerné à Donald Trump, au seul titre de président des Etats-Unis d’Amérique. Et rien d’autre.
M. S.
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