Un rapport du Sénat français : «Rien ne se réglera au Sahel sans l’Algérie»
Par R. Mahmoudi – Des sénateurs français ont mis en exergue, dans un rapport sanctionnant une mission effectuée au Mali et au Niger du 12 au 15 mars dernier, le rôle stabilisateur de l’Algérie dans la région du Sahel, contredisant au passage les propos cyniques du chef de la diplomatie marocaine dans sa récente interview à Jeun Afrique, où il pérorait notamment qu’«il est normal que les acteurs de la déstabilisation soient en priorité pris en charge dans les processus de stabilisation».
A ce propos, les parlementaires français écrivent dans leur rapport : «Lors de nos entretiens politiques au Niger et au Mali, nous avons abordé la question de l’Algérie. Il suffit de regarder une carte pour comprendre que rien ne se réglera au Sahel sans l’Algérie. On ne peut concevoir la paix et la stabilité de cette immense région sans l’Algérie», a indiqué le document publié samedi par le Sénat français.
A la tête de cette mission, le sénateur Christian Cambon avait rappelé dans son intervention au Sénat, le 18 avril dernier, lors de la présentation du rapport, que l’Algérie «a elle-même dû faire face, dans les années 1990, à la terreur islamiste : ce sont les « années de plomb », avec 100 000 morts», soulignant qu’elle a payé un «lourd tribut». Il a ajouté que le rôle de l’Algérie est «crucial», d’autant, a-t-il dit, que les Algériens «sont les garants de l’Accord d’Alger, et ont été victimes du terrorisme par le passé».
Abondant dans le même sens, le sénateur français a affirmé que «pas plus l’Algérie que la France ne souhaitent que les troupes françaises s’éternisent dans la bande sahélo-saharienne», tout en recommandant à la France de «travailler à une collaboration plus active avec l’Algérie». Ce qui suggère que Paris ne fait pas assez d’efforts pour coopérer avec Alger dans un domaine aussi vital et stratégique que la lutte contre le terrorisme, contrairement à ce que répètent officiellement les dirigeants français.
Sur un autre ton, le sénateur Ladislas Poniatowski estime, lui, que l’Algérie, «au vu de la dimension de son armée», c’est un pays «essentiel» qui devrait s’impliquer «davantage» pour la sécurité régionale, tout en connaissant le principe «immuable» de l’Algérie de ne pas intervenir militairement en dehors de ses frontières.
R. M.
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