Le dernier soutien

Le Drian Asfari
Jean-Yves Le Drian et son homologue marocain Nasser Bourita. D. R.

Par Mrizek Sahraoui – Pire, honteux, mais cela a le mérite d’être clair. Il n’y a pas lieu de creuser davantage. La position de la France sur le cas de Mme Claude Mangin-Asfari, l’épouse du prisonnier sahraoui, Naâma Asfari, en grève de la faim depuis un mois maintenant, et du prisonnier lui-même, clairement exprimée par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en réponse à une question orale d’un député, apporte un éclairage sur la politique française en matière des droits de l’Homme, pendant longtemps un sacré registre de commerce très rentable, désormais mis entre parenthèses pour affinités et intérêts que justifie la relation de maître-protecteur à protégé sous tutelle et protection en vertu de la parole donnée par les prédécesseurs, voilà presque vingt ans.

Après un mois de grève de la faim, Mme Claude Mangin-Asfari, qui va s’exprimer en conférence de presse ce jeudi, accompagnée de ses soutiens – et ils sont très nombreux pour mettre la pression –, risque de mourir, sans jamais avoir revu son mari incarcéré dans les geôles d’un royaume sans foi ni loi. Et cela se passe en France, sous l’ère Macron, le chantre du discours humaniste, le défenseur impénitent des droits de l’Homme, a-t-on compris à travers ses beaux discours prononcés urbi et orbi lors de la campagne électorale, et même après son élection. ll était question d’un changement des visages et, surtout, des usages. Il n’en est rien. Tout est factice et tout repose, dans le cas d’espèce, sur les conditions du contrat liant la France paternaliste avec le royaume soumis.

«Prisonnier marocain détenu au Maroc, pays souverain» – comme si le Maroc était un pays souverain ! –, cette affirmation de Jean-Yves Le Drian à la représentation nationale française est la preuve de l’alignement de la France sur les positions du Maroc sur la question du Sahara Occidental occupé, en contradiction avec les résolutions de l’ONU. Et on vient nous parler du droit international – celui qui les arrange, mais aussi celui qui prive un détenu de voir sa famille, et sa famille de lui rendre visite, du jamais vu, même du temps révolu des grandes dictatures les plus féroces de l’histoire, mais toujours d’actualité au Maroc.

Faut-il imaginer une issue à Mme Claude Mangin-Asfari identique à celle de Bobby Sands, l’Irlandais qui mourut à l’âge de vingt-sept ans après une grève de la faim de soixante-six jours dans la prison de Maze, en Irlande du Nord, sous l’œil «bienveillant» de feue l’intransigeante Margaret Thatcher, ex-Premier ministre britannique ?

En sacrifiant une concitoyenne, Mme Claude Mangin-Asfari – pour raison d’Etat ? –, Emmanuel Macron devient le premier de cordée des soutiens indéfectibles du dernier régime monarchique colonial, totalitaire, singulièrement brutal et despotique de la planète.

L’histoire retient.

M. S.

Commentaires

    Anonymeplus
    17 mai 2018 - 8 h 11 min

    Plus la Mme Asfari reste en vie et plus cela affecte et dégrade l’image de cette france des lumières droit de l’hommiste.
    La france négriere et esclavagiste, la france coloniale et barbare, la france des essais nucléaires en Algérie et aux îles du pacifique, n’acceptera pas que son image de « sainte » soit écorchée par une va-nu-pieds sortie de nul part.
    Il est plus qu’inutile de croire que le royaume de sidi lyautey agi seul dans cette affaire comme dans toutes les autres affaires au demeurant, il reçoit ses ordres de l’élysée, comment pourrait-il faire autrement, lui qui a toujours existé sous l’ombre de son maître.

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