Espagne : grève inédite de magistrats pour l’indépendance de la justice
Les juges et les procureurs espagnols ont mené ce mardi une grève d’une ampleur sans précédent pour réclamer une plus grande indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, après des mois de polémiques et d’exposition médiatique. «Nous voulons exprimer notre profond malaise vis-à-vis des responsables en matière de justice devant le délaissement et l’abandon dans lesquels se trouve ce service public», écrivent dans un communiqué commun les sept associations de juges et procureurs d’Espagne.
Selon des données provisoires du comité d’organisation, quelque 42% des juges et 51% des procureurs observaient la grève. «En Espagne, les citoyens ont l’impression que la justice n’est pas aussi indépendante qu’elle devrait l’être», a déclaré à la presse Ignacio Gonzalez Vega, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. Depuis plusieurs années, la justice est au cœur de débats politiques espagnols, notamment celui sur les velléités indépendantistes de la Catalogne.
Le gouvernement central du conservateur Mariano Rajoy s’en est remis à la justice pour faire annuler des lois, jugées anticonstitutionnelles, votées par les dirigeants séparatistes de cette région du nord-est. Ce sont aussi les tribunaux qui ont bloqué les tentatives de Carles Puigdemont, poursuivi pour rébellion, de se faire réélire à la présidence de la région. Les indépendantistes accusent la justice d’être instrumentalisée par le pouvoir et qualifient de «prisonniers politiques» les neuf dirigeants séparatistes inculpés pour rébellion et placés en détention provisoire par la Cour suprême.
Les sept associations de magistrats, qui ne mentionnent pas expressément la Catalogne, réclament, selon l’AFP, qui rapporte l’information, davantage d’investissements et d’embauches dans la justice. La porte-parole de l’Association de procureurs Montserrat Garcia a dénoncé les «énormes charges de travail», réclamant «une justice de qualité que nous n’avons, hélas, pas aujourd’hui».
Le ministre de la Justice, Rafael Catala, a répondu qu’il n’avait pas de «désaccord de fond» avec ces revendications, assurant que certaines mesures étaient prévues dans le projet de budget que le gouvernement tente de faire approuver au Parlement.
R. I.
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