Après Merkel, Macron : les puissances occidentales se tournent vers la Russie
De Paris, Mrizek Sahraoui – Emmanuel Macron est l’hôte de Vladimir Poutine qui le reçoit sous les ors du Palais Constantin – résidence d’été de Pierre Le Grand – au bord du Golfe de Finlande. Cette visite de deux jours s’inscrit dans le cadre du Forum économique de Saint-Pétersbourg et intervient juste après la rencontre du 18 mai entre le chef du Kremlin et la chancelière allemande Angela Merkel, reçue, elle, dans la station balnéaire russe de Sotchi.
Même si les sujets au menu des discussions ne manquent pas – le nucléaire iranien, la Syrie et les questions économiques sur fond de sanctions occidentales –, le volet des relations entre la France et la Russie, très affectées au lendemain de l’annexion de la Crimée, après l’affaire de l’agent double Sergueï Skripal, empoisonné sur le sol britannique et, surtout, à la suite des frappes injustifiées contre la Syrie et la sortie des Etats-Unis de l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien, devrait occuper une large place dans les échanges, d’autant que, selon l’Elysée, Emmanuel Macron a «la volonté d’avoir un dialogue substantiel (…) pour dégager des points d’accord communs», et qu'(il) a «conscience de la difficulté que cela représente». Autrement dit, voici venu le moment propice à un aggiornamento politique pour tenter de fermer la parenthèse des tensions qui ont failli déclencher l’irréparable.
Toutefois, tout ceci intervient au moment où se joue la survie ou non de l’accord sur le programme nucléaire iranien de 2015, mais aussi où l’allié américain, Donald Trump, aux agissements de plus en plus imprévisibles et à la parole de moins en moins crédible, a décidé d’annuler la rencontre avec le leader nord-coréen, prévue le 12 juin, le sommet de l’espoir sur lequel avait parié la communauté internationale.
Emmanuel Macron, selon nombre d’observateurs et quelques personnalités politiques françaises qui n’ont de cesse d’appeler à renouer le dialogue avec Moscou, a bien raison d’être pragmatique et d’initier cette nouvelle voie médiane entre, d’un côté, l’axe va-t-en-guerre incarné par Donald Trump, Benjamin Netanyahou et Mohammed Ben Salmane et, de l’autre, l’axe de la discussion et de l’échange, assurant la stabilité internationale avec des partenaires stables, Vladimir Poutine, Xi Jinping et Hassan Rohani.
La Russie n’est plus ce qu’elle était, le pays à «l’économie de l’ours en papier tombée en lambeaux», lorsque le prix du pétrole avait chuté de 110 à 40 dollars, comme l’avait arrogamment déclaré Barack Obama. Plus que jamais pédant, Emmanuel Macron l’a compris et l’a dit en conférence de presse, le monde doit s’inscrire dans une «approche multilatérale», la base d’une collaboration et d’une coopération renforcées, seule condition qui permette le respect et l’équilibre dans les relations internationales.
A Moscou, Emmanuel Macron a reçu le nihil obstat à la normalisation des relations entre la France et la Russie et, plus largement, à la paix et la stabilité dans le monde.
Avec le respect de chacun.
M. S.
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