Arabie Saoudite : un autre militant des droits de l’Homme arrêté
Un autre militant des droits de l’Homme a été arrêté en Arabie Saoudite, a indiqué ce vendredi Amnesty International, s’ajoutant à la dizaine appréhendée ces derniers jours dans ce royaume ultraconservateur. Depuis la semaine dernière, au moins 12 militants ont ainsi été arrêtés, principalement identifiés comme des femmes défendant le droit de conduire et demandant la fin du système de tutelle masculine imposé aux Saoudiennes.
Un décret royal autorisant les femmes à conduire doit entrer en vigueur le 24 juin, une des réformes sociétales poussées par le prince héritier Mohammed Ben Salmane. Quatre des militantes arrêtées ont depuis été libérées, ont annoncé jeudi et vendredi des militants et des ONG. Mais Amnesty International a indiqué ce vendredi que Mohammed Al-Bajadi, cofondateur de l’Association pour les droits civils et politiques (ACPRA), un des rares groupes de défense des droits de l’Homme indépendants en Arabie Saoudite, avait à son tour été arrêté.
Cette interpellation «montre que les autorités saoudiennes poursuivent leur répression contre les défenseurs des droits de l’Homme», a indiqué à la presse Samah Hadid, directeur des campagnes d’Amnesty pour le Moyen-Orient. M. Bajadi avait été condamné en 2015 à 10 ans de prison par une cour criminelle spécialisée notamment dans les cas de «terrorisme», selon des militants des droits humains, mais avait ensuite été libéré.
En annonçant la semaine dernière l’arrestation de militants non identifiés, les autorités saoudiennes les avait accusés d’entretenir des «contacts suspects avec des parties étrangères» et de saper «la sécurité et la stabilité» du royaume. Des médias progouvernementaux saoudiens les avaient qualifiés de «traîtres». Selon le journal progouvernemental Okaz, certains encourent jusqu’à 20 ans de prison.
Amnesty International a dénoncé une «effrayante campagne de dénigrement». Les Saoudiennes arrêtées représentent plusieurs générations de militantes, à l’image de Loujain Al-Hathloul, 28 ans, détenue en 2014 après avoir tenté d’entrer en voiture en Arabie Saoudite, et Aziza Al-Youssef, professeure retraitée de l’Université Roi-Saoud à Riyad.
R. I.