Pari perdu
Par R. Mahmoudi – Paris vient d’introduire une demande «urgente» au bureau des Nations unies pour convoquer une réunion avec les protagonistes de la crise libyenne, prévue le 29 de ce mois. Pour la deuxième fois, en moins d’une année, le président français, Emmanuel Macron, tente ainsi de réunir les principaux acteurs politiques libyens, officiellement pour impulser le processus de dialogue mais, surtout, pour essayer d’effacer, coûte que coûte, cette image hideuse d’un pays, le sien, qui a, un jour, pris la tête dans la campagne de destruction de ce pays en lambeaux qu’est devenue la Libye.
Il le fait donc davantage pour le prestige et l’honneur de la France, sérieusement mis à mal en Europe et même à l’intérieur, que par souci d’aider à la réunification d’un pays déchiré par la guerre civile.
Mais la question que l’on ne s’empêche jamais de se poser, en parlant de cet activisme douteux des Français sur la situation en Libye, c’est de savoir avec quels atouts supplémentaires et quelles nouvelles propositions Macron va se présenter lors de la prochaine rencontre devant ses interlocuteurs libyens. Car, s’il a pris soin de mettre les formes, en y associant l’émissaire onusien pour la Libye, Ghassan Salamé, et des pays concernés, directement ou indirectement, par la situation en Libye, il n’arrive pas à convaincre, y compris dans le camp ami, où le maréchal Haftar refuse de déposer les armes et refuse de faire des pas vers cette réconciliation tant souhaitée.
Vue d’Algérie, cette nouvelle initiative française ressemble à un coup fourré. Elle vient court-circuiter les efforts déployés depuis des mois par la tripartite Algérie-Tunisie-Egypte et qui promettait de faire avancer sérieusement le processus de paix, loin des immixtions étrangères. L’Algérie, par la voix de son chef de la diplomatie, a bien mis en garde contre «la multiplication des initiatives» qui ne feront que compromettre les chances d’aboutir à une solution durable à la crise libyenne.
R. M.
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