Apprentis Mère Teresa
Par Mrizek Sahraoui – Il y a quelques jours, une ONG, jouant l’apprenti Mère Teresa aux confins du Sahara, est allée, en se basant sur le témoignage plus que douteux d’un Malien, jusqu’à accuser l’Algérie de mauvais traitements à l’encontre des migrants. Elle s’est émue du sort qui leur aurait été réservé par les autorités algériennes lors des dernières reconduites dans leurs pays respectifs.
Si ces humanitaires «non»-gouvernementaux se préoccupaient de tous les migrants, ces «paumés» venus du bout du monde, comme ils les nomment, installés dans des conditions effroyables dans certains pays – au nord de Paris, les migrants s’entassent et dorment à même le sol –, on pourrait peut-être leur accorder le crédit de l’impartialité, bien que, évidemment, celle-ci ait été très entamée à la suite de nombreuses positions sujettes à controverse prises par des ONG plus soucieuses des migrants entrés en Algérie, où – de nombreux témoignages l’attestent – ils sont accueillis avec tolérance et beaucoup de compassion et d’hospitalité, que des réfugiés installés en Europe dans les conditions que l’on sait.
La gestion (politique) et l’instruction de ce dossier, toujours à charge pour certains – en témoigne la dernière déclaration de la porte-parole du bureau du Haut-Commissaire des droits de l’Homme des Nations unies, accusant l’Algérie de maltraiter les migrants, mais, en revanche, un Haut-Commissariat très mou pas plus qu’il ne se soit mû avec autant de zèle après la boucherie de Ghaza –, et bienveillante pour d’autres – quand le problème n’est pas radicalement étouffé –, remettent totalement en cause l’impartialité, l’objectivité et la rigueur de ces organisations, qu’elles soient onusiennes ou humanitaires, à maintes reprises épinglées pour leur conduite contraire aux valeurs qui devaient initialement être les leurs.
Depuis quelques jours, près de 2 500 migrants campent au nord de Paris dans des conditions inhumaines. Les médias sont unanimes, qualifiant le site de «ghetto de Paris». Pis, le dossier, a constaté la presse, fait l’objet de manipulation politique par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui fait porter la responsabilité à Anne Hidalgo, maire de Paris. Un calcul politicien qui s’inscrit, répète-t-on dans la capitale française, dans la perspective des futures élections municipales de 2020. La République en Marche (LREM) compte, en effet, coûte que coûte, mettre la main sur la mairie de Paris, pour l’heure sous mandat du Parti socialiste, quelle qu’en soit la méthode.
Il n’a pas échappé que ces humanitaires qui se sont indignés du sort des migrants subsahariens observent une neutralité malhonnête à l’égard du cynisme, ouvertement assumé par le ministère de l’Intérieur, et se murent dans un silence étrange et équivoque sur le traitement que la France réserve à (sa) part de misère du monde.
Une misère dont tout le monde sait comment et pourquoi elle existe et qui la fabrique.
M. S.
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