Les Algériens consomment quatre fois plus de viandes durant le Ramadhan
La consommation des viandes rouges et blanches en Algérie est multipliée par quatre durant le mois de Ramadhan par rapport aux autres mois de l’année, alors que la consommation des autres produits alimentaires est doublée, a indiqué dimanche à Alger le vice-président de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), Mohamed Abidi.
«Durant le Ramadhan, la consommation des viandes blanches est estimée à 74 000 tonnes, alors que celle des viandes rouge est de 37 000 tonnes en moyenne. Ainsi, la consommation des viandes durant ce mois sacré représente 380% de la consommation mensuelle durant le reste des mois», a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse animée avec le président de la fédération, Zaki Hariz.
En moyenne, chaque ménage en Algérie consomme 9 kg de volaille et 4,5 kg de viandes rouges durant le mois sacré, a-t-il précisé, soulignant que la consommation des autres produits alimentaires représente 170% de leur consommation mensuelle moyenne durant le reste de l’année.
De ce fait, la hausse des prix des produits alimentaires observée chaque Ramadhan, même si elle est alimentée par la spéculation et la baisse de l’offre parfois, elle est surtout le «résultat direct de l’augmentation brusque de la demande durant ce mois», estime M. Abidi.
Selon une étude menée par la fédération en 2015, les dépenses moyennes des 8,2 millions de ménages en Algérie étaient de 75 000 DA par ménage durant le mois de Ramadhan, contre une moyenne mensuelle de 36 000 DA durant le reste des mois.
«Cela veut dire que les dépenses des ménages passent de deux fois le SNMG à quatre fois le SMNG durant le Ramadhan. Ce constat nous interpelle pour sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de réorienter leurs dépenses», a-t-il dit.
Pain : 80 millions DA jetés chaque jour dans les poubelles
Et paradoxalement à ce constat, un autre constat de la fédération fait état de 10 millions de baguettes de pain jetées chaque jour dans les poubelles en Algérie durant le mois sacré.
«Chaque jour, les Algériens jettent dans les poubelles 10 millions de baguettes de pain, soit l’équivalent de 80 millions DA/jour», s’est indigné M. Abidi.
D’autre part, le débat sur la consommation durant le Ramadhan devrait changer, selon lui, pour qu’il ne soit pas focalisé sur les prix, mais également sur la santé des consommateurs.
A titre d’exemple, la viande de volaille est disponible même avec abondance et avec des prix raisonnables, est-ce suffisant ? Non, a-t-il soutenu en invitant vivement les consommateurs à s’interroger sur l’origine de cette viande, sur la méthode de son abattage et sur les produits chimiques qu’on lui donne.
«Il est insoutenable qu’un consommateur accepte d’acheter un poulet ou n’importe quel produit anonyme. L’étiquetage doit être obligatoire pour tout produit commercialisé, surtout pour les produits périssables», a-t-il insisté.
Fruits et légumes : hausse de 10 à 15% des prix durant les dix premiers jours du Ramadhan
De son côté, M. Hariz a indiqué que, durant les dix premiers jours du Ramadhan, la fédération a constaté une hausse de 10 à 15% des prix des fruits et légumes et de ceux de certains produits alimentaires en conserve.
«Cette augmentation est d’abord le résultat de la hausse de la demande durant ce mois. Ensuite, c’est le résultat de la spéculation pratiqués par les commerçants», a-t-il, pour sa part, analysé.
En outre, les prix des produits alimentaires industriels ont été impactés par les restrictions sur les importations et par la dépréciation du dinar algérien par rapport aux autres devises, selon lui.
«Le coût des mesures bureaucratiques appliquées sur les importations est devenu une charge supplémentaire supportée par le consommateur algérien», a-t-il soutenu, en proposant de «laisser le marché jouer son jeu tout seul sans intervenir de façon administrée».
Il a, par contre, salué la mesure annoncée par le ministre du Commerce relative à l’instauration d’un droit additionnel sur certains produits, tout en estimant qu’une telle taxe devrait être durable et non pas provisoire et toucher tous les produits importés et fabriqués localement.
M. Hariz a également plaidé pour un système efficace de traçabilité des produits, à commencer par la production ou l’importation, en passant à la transformation, au transport et en arrivant au stockage et à la distribution, et ce, non seulement pour pouvoir maîtriser les prix, mais surtout pour s’assurer du respect des règles d’hygiène et offrir au consommateur un produit sain.
Il a, dans ce sens, invité les ministères concernés à former les agriculteurs, transporteurs et distributeurs sur les règles d’hygiène et sur les risques alimentaires et leur impact sur la santé publique.
S’agissant de la consommation du lait durant le mois sacré, il a témoigné que «le problème (de l’offre) persiste que ce soit en matière de disponibilité ou de qualité», proposant, pour remédier à cette défaillance, une importation soutenue des vaches laitières, la création de grandes fermes pour l’élevage et l’intensification de la production du lait cru.
Evoquant le dossier des agences de voyages offrant des services pour la omra, il a pointé du doigt «une concurrence déloyale» caractérisant ce marché où beaucoup d’agences «n’hésitent pas à offrir de très fortes remises sur les prix sans se soucier de la qualité des services offerts».
Il a estimé que l’Office national du hadj et de la omra devrait «se retirer» du marché pour pouvoir assurer convenablement sa mission de régulation. «Il ne faut pas que cet office soit juge et partie», a-t-il recommandé.
A une question sur le rôle des marchés de proximité et leur impact sur les prix, il a soutenu que seul l’élargissement du réseau de la grande distribution pourrait constituer une solution dans ce domaine. Alors que la grande distribution représente 60 à 75% de la distribution dans le monde, elle n’en constitue que 2 à 3% en Algérie, a-t-il observé.
Intervenant pour sa part, le président de l’Association des consommateurs de la wilaya de Béjaïa, Nourebdine Aïdli, a estimé que le monopole reste le seul responsable de la hausse des prix. Sinon «comment expliquer une baisse subite de l’offre la veille du Ramadhan ?», s’est-il interrogé.
R. N.
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